Réflexions sur l’échec, en période de confinement

Article écrit en Juin 2020, alors que je vivais chez mes Grands Parents depuis 4 mois dans un lieu isolé du reste de ma famille, de mes amis et de mes collègues de travail.

C’est un article est plus dans le style « Note à moi-même ». Il nait d’une conviction profonde en ce moment où je me sens soustraite au regard des autres depuis quatre mois déjà, et je souhaite ne pas l’oublier tout en vous en faisant profiter.

Echec VS regard des autres

Je commence à croire que le plus gros problème de l’échec n’est pas tellement de ne pas avoir atteint l’objectif qu’on souhaitait, le sentiment de ne pas avoir réussi, car on peut aussi le voir comme une expérience de vie, quelque chose qui nous instruit. Oui peut-être que le pire de l’échec c’est le regard de l’autre. C’est le fait qu’on a l’impression que tous les regards sont pointés sur nous et surtout qu’ils nous jugent. Et en ce moment, le fait d’être confinée me rappelle une réalité. Une réalité qui est vraie tout le temps mais qu’on oublie parce qu’on se croit le centre du monde. La vérité c’est que les gens ne nous regardent pas. On peut donc être léger face à l’échec quand on sait que les autres ne nous regardent pas, ne nous jugent pas. Il y aura peut-être toujours une ou deux personnes qui trouvera que c’est plus facile de critiquer les autres que d’entreprendre elle-même, mais la vérité c’est que les autres ne nous regardent pas, ils sont trop concentrés sur leurs propres insécurités, leurs propres problèmes, leurs propres choses qui les préoccupent, mais aussi les personnes qui leur sont chers bien sûr. Ils peuvent aussi être complétement absorbé par le désir de donner de l’amour au monde entier ou à leur entourage, pour qui leur reste du temps pour regarder quelqu’un qui n’atteint pas ses objectifs et le juger. C’est ça la vérité. On ne remarque pas quand quelqu’un n’atteint pas ses objectifs, premièrement car on ne regarde pas les autres et deuxièmement, parce qu’on n’a pas même idée de quels étaient ses objectifs. On ne peut pas savoir quand une personne échoue car on ne sait pas ce qu’était l’objectif de base. Peut-être que ce qu’elle visait était très loin de ce que nous nous aurions visé si nous avions été à sa place. Pour une même chose entreprise, deux personnes auront deux objectifs différents. Même si les deux projets peuvent paraitre similaires. Les autres ne nous regardent pas, les autres n’ont pas toujours le doigt pointé sur nous. Et même quand ils nous regardent, ils le font avec toujours plus de bienveillance qu’on ne le fait envers nous-même. Ça soulage, ça libère. Ça invite à vivre chaque chose de la vie comme une expérience. Vivre l’inévitable de la vie qui est faite de haut et de bas comme quelque chose de normal. S’il n’y a pas de haut et de bas, il n’y a pas de vie. Tous ces petits échecs nous rapprochent d’un plus grand projet.

Il faut également avouer que plus on juge les autres, plus on aura l’impression que les autres nous jugent. Or, plus on s’aime, moins on a besoin de juger les autres pour se rassurer, donc moins on va se sentir jugé, donc plus on entreprendra avec confiance. Donc peut-être qu’une manière de se détacher du regard des autres pour ne plus avoir peur d’oser et pour moins juger les autres est de nourrir notre amour de soi et notre confiance en nous.

Ne pas tenter n’est pas un échec

Je parlais avec une amie connue grâce au blog l’autre jour et je réalisais en même temps que l’on échangeait : peut-être que ce blog est structuré, pas trop dégueu visuellement, bien écrit. Mais il arrive après d’autres blogs temporels ou pas, que j’ai abandonnés, voire des projets qui n’ont jamais vu le jour à base de brouillons laissés dans un coin d’ordinateur pendant des années. Et ça c’était pas des échecs ou le fait que je n’ai pas osé entreprendre parce que, pour remixer une phrase que me disait mon père, « il faut 1 000 idées, pour avoir 100 projets pour avoir 10 qui voient le jour et 1 qui est mené jusqu’au bout. » Ce blog avait besoin de tous ces petits échecs, de tous ces petits abandons, de toutes ces idées pas menées au bout, pour avoir ce truc-là qui réussit (selon mes propres objectifs du moins).

Décentrons-nous de notre propre self. « Ne te fais pas si petite, tu n’es pas si grande » comme s’était dit un jour une patiente du Christophe André. Quand nous avons peur ou honte, nous nous concentrons sur nous-mêmes. Dans une soirée, on va se noyer dans sa peur de n’avoir rien à dire, quand on rate quelque chose ou fait une erreur, on va la trouver immense. Mais il faut dire les choses : on se prend un peu pour le nombril du monde. Mais on le fait tous ! Donc ça n’est pas une raison pour remplacer la honte par la culpabilité ! Mais non, le monde ne tourne pas autour de nous, n’a pas les yeux rivés sur nous. Chacun fait sa petite vie, et de temps en temps nous sommes en interaction.

Alors peut-être que si le langage façonne la pensée, il faut juste bannir le mot ‘échec’ de notre vocabulaire pour ne parler que d’expériences de vie plus ou moins agréables tout comme il y a des émotions plus ou moins agréables.

Cet article est, comme je le disais en introduction, un peu une note à moi-même pour plus tard quand je serais à nouveau moi-même prise par le regard des autres et qu’il me pèsera parce qu’il est dur de s’en défaire quand on est entouré de tellement de gens. On est important pour nos proches de la plus belle des manières, mais pour le reste du monde entier, on ne compte pas beaucoup. Mais c’est pas plus mal. Ça libère.

Finalement la seule personne dont le jugement pèse c’est nous-mêmes. Nous croyons avoir peur du jugement des autres quand ce qui nous habite vraiment est la peur de nous décevoir nous-mêmes. Cette réflexion peut être élargie aux complexes par exemple, notamment physique…

Musique d'illustration : Pas l'temps pour les regrets - Lunatic

Crédit photo : 1/ Maximilian Weisbecker. Edited. 2/ Holger Link. Edited.

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