Comment se sentir libre d’être soi au sein d’une société qui nous dépasse ?
Parfois on peut se sentir si petit(e) dans ce monde si grand, voire même écrasé(e) par tous ces gens qui nous entourent et ce qu’il représente dans notre imaginaire. Alors tout en rejetant quelque chose qui ne nous convient pas, on cherche à rentrer dans une case quand finalement la peur d’être rejeté(e) du groupe nous rattrape. Un réflexe très primaire de survie finalement. Alors comment réussir à prendre un peu de distance par rapport à un discours ambiant, se sentir plus libre d’être soi, faire un pas de plus vers l’authenticité ? Nous allons essayer dans cet article de comprendre pourquoi cette société nous pèse autant et envisager quelques pistes pour y remédier.
Est-ce que ce que je suis est acceptable, normal(e) ?
Personnellement je réalise à quel point ce que je laisse voir de moi est fortement défini par « qu’est-ce qui est acceptable par la société ? » et en fonction, je valorise tel ou tel trait et j’écrase complètement d’autres aspects de qui je suis parce que « c’est mal vu ». C’est mal vu de croire en Dieu, d’avoir beaucoup d’émotions, de vivre d’une manière un peu déconnectée des réseaux et des tendances,… alors il y a tellement de choses comme ça que je ne mets pas en valeur par peur qu’on me jette la pierre. En revanche, les voyages, l’ouverture d’esprit, la rationalité, tout ça c’est bien vu alors j’étale.
Pire que définir quelque chose comme « acceptable », on va jusque chercher ce qui est « normal », ce qui « rentre dans la norme » et définir tout ce qui n’y est pas comme « bizarre », nous y compris. Par exemple, je n’ai jamais touché à une cigarette (ou toute autre chose qui se fume) et n’est jamais été saoule car je n’aime pas l’alcool. Je me suis alors souvent demandée si j’étais normale, juste parce que les choses qui attiraient la majorité des personnes de la société ne m’attiraient pas moi. Quand une majorité fait quelque chose, par effet miroir, on croit que la minorité a un problème, surtout si on en fait partie. Et puis au fond, nous savons bien que jamais très loin de la question « Suis-je acceptable ? » il y a « Suis-je aimable ? » et la réponse à cette question est encore plus redoutée.
C’est une des raisons pour laquelle on se sent si bien quand on voyage ! Parce qu’on met au même niveau tous les aspects de soi quand on ne se sent pas obligé de coller à une majorité ou des codes dont nous n’avons aucune idée de comment ils sont constitués. Et puis le regard des inconnus qu’on est sûr de ne jamais recroiser nous importe très peu contrairement à ceux de notre environnement naturel disons. On se sent fondu dans la masse, et ça fait du bien.
Je fais partie de la société et ai donc un pouvoir d’expression
Pourtant, si on y réfléchit un peu, la société n’est-ce pas la somme de chacun de nous ? Elle est l’addition de tous les humains qui la constituent. Elle est comme un corps. On parle d’ailleurs de « corps social ». Ça veut dire que, tout comme si la main a une caractéristique, c’est tout le corps qui l’a, si une personne de la société a une spécificité, c’est toute la société qui l’a. Donc comme moi aussi je fais partie de cette société, si je déclare (d’ailleurs je le fais publiquement avec cet article !) que ça c’est acceptable ou ceci est ok, la société entière accepte que ça le soit, que ça aille avec la tendance générale ou non. CQFD.
Et puis on a beau être tous unique dans notre histoire, nos expériences, la composition de nos traits de caractères, nous avons pourtant beaucoup de points communs avec d’autres, ce qui fait que je ne suis pas la seule à accepter certaines choses. Et ça n’est pas parce qu’on n’est pas en majorité qu’on a tort ou que notre voix ne fait pas partie de cette société. La majorité n’a pas toujours raison. Et puis, oser donner une place aux minorités, c’est quelque chose de bon.
Cette société est faite d’Hommes… pour les Hommes. Si quelque chose n’est pas adapté pour que chacun se sente accepté tel qu’il est, ça n’est pas à l’individu de changer mais aux définitions de ce qui est acceptable ou non par la société. Il y a peut-être une pression implicite sur beaucoup de sujets. Mais si moi, en tant que membre de la société, je n’ose pas porte une voix différente, cette société ne changera jamais… Tout le monde acceptera le statu quo et beaucoup se sentiront ‘inacceptables’ pour le monde, comme l’expliquait si bien dans sa conférence TED, Luvvie Ajayi.
Donc j’ai entièrement le pouvoir de déclarer que : Oui être chrétien c’est totalement ok, oui pleurer c’est totalement ok, oui refuser d’être sur les réseaux sociaux, de suivre la mode ou de ne pas connaitre la dernière musique populaire c’est totalement ok. Oui avoir des fragilités, des limites, avoir des moments – ou des années – d’incapacité totale d’ « être utile » c’est ok. Oui c’est ok d’aller voir un psy pour s’aider dans son développement perso. Ça ne veut pas dire qu’on est fou, ça veut dire qu’on se sait responsable de son bonheur et que celui-ci ne peut exister sans le soin de toutes les dimensions de la personne. Oui avoir des montagnes russes intérieures c’est ok. C’est même plus que ok, car ça veut dire qu’on est pleinement humain(e), pleinement vivant(e), qu’on n’a pas un cœur de pierre qui participe à la montée de l’individualisme ! Oui c’est ok d’avoir les opinions qu’on veut, même si ceux-ci ne sont pas ceux de la majorité… Et toi, qu’est-ce qu’aujourd’hui tu veux déclarer acceptable ?
Chercher à se plaire à soi et non aux autres car c’est avec soi qu’on passe toute notre vie
La société ne me voit pas pourtant je lui accorde un crédit si fort ! Quand on y réfléchit à deux secondes, on s’écrase sous un poids qui a si peu de consistance. C’est plus nous qui nous faisons le propre écho d’une pensée vaste et diffuse. L’intériorisation de certains messages ponctuels est si forte qu’on se met à vivre 99% du temps d’une manière qui ne nous convient pas, juste parce que 1% du temps on entend un discours qui nous fait peur dans notre capacité à être intégré(e) à la société. Alors si je vis ma vie selon les injonctions de cet écho plus que des réalités externes réelles (qui existent parfois par des critiques mais elles ne sont finalement pas la majorité du temps), il est donc de mon devoir de stopper cet écho.
La vérité c’est qu’on passe toute sa vie avec soi quand dans la vie des autres, on représente une poussière, parce que notre apparition y est minime. Même chez les gens qu’on fréquente tous les jours ! Oui il y a TELLEMENT de gens qu’on voit souvent que même là on reste une poussière. Ça appartient à l’autre la place qu’il nous donne dans son champ de vision et son attention. Mais quand on a un cœur tourné vers le bon, quand quelqu’un attire notre attention c’est parce que c’est quelque chose de positif qui nous attire chez l’autre, sinon on ne remarque rien ou on ne se rappelle de rien. Et même si on voit ces personnes tous les jours, entre toutes les personnes qu’elles croisent elles-mêmes, les gens à qui elles parlent sur les réseaux sociaux ou le soir après l’activité journalière,… Une poussière, je vous dis. Et même ces personnes qui constituent notre quotidien aujourd’hui (nos collègues, nos camarades de classe…), un jour nos chemins arrêteront de se croiser. Alors la seule question qui restera c’est : pourquoi j’ai passé autant de temps à chercher à plaire à des personnes qui ne sont que de passages – furtifs ou presque – dans ma vie. La question de l’affirmation n’est pas tellement se transformer en rebelle qui envoie bouler tout le monde, c’est juste chercher à plaire en priorité à la personne qui m’accompagne toute ma vie. Car même les gens qu’on aime et dont l’avis compte, on passe tellement de temps loin d’eux que là encore il vaut mieux chercher à se plaire à soi, la seule personne qui nous voit et nous supporte H24. Sans compter le fait qu’un jour, toutes ces personnes qui nous entourent, on en sera séparés jusqu’au Ciel… Et si on passe notre vie à chercher à se conformer à ce qu’une personne veut pour nous, qui deviendra-t-on le jour où elle partira et qu’on n’aura plus d’injonctions ?
En conclusion…
Remettons à la juste place le discours de la société, peut-être en nous éloignant des médias qui ne nous font pas du bien, en quittant les réseaux sociaux qui entretiennent le culte de la perfection. Et si on nous critique (ce qui est différent d’une remarque constructive)… oser se dire intérieurement qu’on n’a aucune raison de chercher à plaire à quelqu’un qui occupe une si petite place dans notre vie quand nous on doit se supporter H24.
Les amis et la famille peuvent être aussi d’une grande aide sur ce chemin. Quand on est entouré(e) de personnes bienveillantes, on peut s’appuyer sur nos proches pour constater qu’on sera toujours aimé(e) quoiqu’on fasse. S’appuyer sur eux aide à s’émanciper du reste. Mais ça n’empêche pas de garder en tête l’importance des moments de solitude pour prendre de la distance et se reconnecter avec notre être « sujet », notre identité profonde… Prendre de la distance avec les schémas de vie quel qu’ils soient. S’éloigner des tendances générales pour essayer de se définir soi-même seul(e). Car quand on enlève l’image que nous renvoie les autres, qu’on déclare comme « normale », et à laquelle on essaye de coller, il ne reste que nous. Juste nous. Et cette personne est magnifique.
Musique d'illustration : Rebel - Lecrae
Crédit photo : 1. D-L. Edited. 2/ Simone Busatto. Edited. 3/ Allie Smith
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