Le mail de la honte

Aujourd’hui je voulais vous partager une histoire qui est arrivée il y a environ un an (oui vous aurez remarquez les temps de prescription toujours très long chez moi avant de publier un article).

Cette anecdote, c’est l’histoire d’un mail envoyé à un ami. Un ami pour qui j’ai tellement d’estime que je cherchais tant à l’époque à ce qu’il garde une belle image de moi (depuis, je lui en ai fait tellement voir, que je crois avoir compris qu’il m’aime vraiment telle que je suis, vu qu’il est encore à mes côtés aujourd’hui).

Quelques jours avant ce mail, je lui avais écrit une lettre où j’y mettais mon cœur, où je m’étais laissée être vulnérable. Et même si je n’avais aucune idée de la réponse, celle qui m’a donnée a cassé une part de mes rêves. Et devant ce sentiment de mise à nu, j’ai eu l’impression que le seul moyen de ne pas trop abimer mon ego était de garder la tête haute et de me faire croire à moi-même, et donc à lui, qu’en 24h j’avais tourné la page. Sauf qu’une fois les rêves partis, je me retrouvais confrontée avec toutes mes peurs, toutes mes hontes, toutes mes incohérences. Une fois les rêves partis, le vide laissé avait tout le loisir d’être rempli par des émotions beaucoup moins agréables.

Comme à mon habitude, je pris le temps de faire sortir sur le papier tout ce qui m’habitait. Et après avoir écrit tout ce qui me tiraillait, tout ce qui me rendait triste, tout ce que je n’assumais pas, j’ai décidé de le lui partager à lui aussi, en lui envoyant un mail. Je n’ai jamais eu de réponse à ce mail, mais sa présence à mes côtés encore aujourd’hui est la plus belle réponse qui soit. En écrivant ce mail, c’était pour moi comme foncer dans mes peurs et dans mes hontes, les étaler (quasi) sur la place publique, pour leur montrer qu’elles n’avaient pas de pouvoir sur moi. Elles font parties de moi, je les accepte, mais je ne veux pas leur laisser me contrôler. Ou le moins possible. Je comprenais alors que j’avais vécu tout ce que j’avais à vivre jusqu’au bout. J’avais plongé dans ma vulnérabilité, dans mes incapacités, dans mes manques, dans mes faiblesses, et que maintenant je pouvais enfin passer à autre chose. Dans ce mail, j’avais même tenté un peu d’autodérision, grossi le trait par rapport à ce que j’avais écrit d’abord pour moi, pour vraiment assumer.

Et une fois ce mail envoyé… une grande paix. La paix de voir ces peurs et hontes naturellement diminuer d’ampleur et ne plus prendre toute la place. La paix de la liberté. La fierté d’avoir affronté. Cette paix après avoir fait face au pire en soi, est beaucoup plus profonde que si j’avais juste appelée une amie pour me changer les idées. Parce que traverser porte plus de fruits que la fuite, comme le disait Ilios Kotsou dans cet article.

Et oui, la paix règne alors, mais aussi la fierté et le bonheur d’être à nouveau complet. De pouvoir sortir de la paralysie et avancer avec tout ce que je suis, sans rien laisser de côté, et cette fois de pouvoir réellement assumer l’entièreté de qui je suis devant lui. La fierté d’avoir fait un pas dans l’acceptation de ce moi imparfait. D’avoir fait une entaille dans ce moi exemplaire. Et rien que pour ça j’étais heureuse.

Je comprends alors également que quand mes peurs ne créent plus un sentiment de honte, je n’ai plus besoin de mobiliser une énergie (que je n’ai généralement pas dans ces moments-là) pour y remédier. Bin oui, si mes peurs ne sont plus un problème, je n’ai plus à les faire disparaitre à tout prix ! Enfin… pas à la seconde… mais une à une… le temps que prendra une vie.

Alors bien sûr, ce genre d’exercice est à faire prioritairement avec des personnes de confiance. Et même s’il coûte horriblement, le bonheur d’expérimenter cet amour inconditionnel et cette paix après la tempête comme j’en parlais dans cet article, fait que ça vaut vraiment le coup, même si cela demande de passer par un chemin désagréable avant d’avoir la récompense promise, Alors n’ayez pas peur d’ouvrir votre cœur. Peut-être que l’autre ne saura pas avoir la réaction idéale à vos yeux, mais vous, vous saurez de quel courage vous êtes capable et vous pourrez en être fier/fière.

Musique d'illustration : Brave - Moriah Peters

Crédit photo : Billy Huynh. Edited.

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