L’acceptation de sa vulnérabilité, un des secrets de la performance en entreprise ?
J’en parlais déjà dans cet article mais un événement dans l’entreprise où je travaille il y a plusieurs mois me rappelle d’autant plus fortement le pouvoir de la vulnérabilité.
J’ai la grâce d’être dans une entreprise qui ne licencie pas. Du moins, les rares licenciements auxquels j’ai assisté était pour une question d’attitude, car celle-ci était devenue toxique pour l’équipe (vol, profond manque de respect constant pour les collègues…). Et pour la première fois, après 70 ans d’existence de l’usine, nous avons licencié un commercial pour manque d’atteinte des objectifs. Alors c’est vrai que les résultats des commerciaux sont plus facilement mesurables que des postes dans d’autres fonctions et qu’on ne pouvait pas rater l’événement que fut la perte d’un client très important qui ne souhaitait plus travailler avec cette personne. Mais non, l’entreprise dans laquelle je travaille ne s’est pas soudainement mise à devenir tyrannique et exiger des résultats tout de suite. Pour résumer la raison de cette rupture de contrat nous pourrions dire : l’entreprise, comme les clients, avaient perdu confiance en l’employé à cause, certainement, d’un manque d’humilité de sa part.
Dès que c’est possible, nous aimons donner une chance à des jeunes pour que l’entreprise soit leur première expérience. Nous faisons toujours attention, et de plus en plus, d’anticiper les départs en retraite le plus possible pour que les remplaçants aient un bon temps de formation, même si bien sûr, on ne peut se passer du temps pour acquérir l’expérience. Mais dans cet exemple, une fois que l’employé s’est retrouvé seul au poste, il n’a jamais avoué quand il se trouvait en difficulté. Il croyait rassurer sa manager en disant que tout allait bien quand le client n’était pas satisfait du service, ce qui a créé une perte de confiance chez la manager. Malgré son manque d’expérience – qui n’était en rien une tare car il avait été embauché en connaissance de cause ! – il est rentré dans une posture qui ressemblait à de la toute puissance, n’assumant pas ses difficultés ou ses carences, peut-être motivée par une peur de manquer de crédibilité s’il assumait ouvertement son besoin d’apprentissage. Sauf que cacher des difficultés amène à commettre des erreurs d’autant plus grandes qu’on s’est passé de l’aide qu’on aurait pu avoir si on avait eu l’humilité de demander de l’aide. Ces erreurs-là sont d’autant plus reprochées quand elles auraient objectivement pu être évitées.
Alors, était-ce finalement un problème d’attitude ou de performance ? Certainement un peu les deux. Mais d’après moi, les deux aspects trouvent leur origine dans le refus de reconnaitre sa vulnérabilité. Parce que l’acceptation de ses failles entraine l’humilité et donc la prudence et l’approfondissement des recherches pour donner une meilleure réponse.
C’est ok d’être inexpérimenté et en phase d’apprentissage, et oui parfois on peut apprendre seul. Mais le mieux pour apprendre je crois, en début de carrière surtout, c’est de s’entourer, de savoir demander… Et moi qui suis moi-même en début de carrière, à apprendre à gérer un poste pour lequel, en plus d’avoir 0 expérience, je n’ai même pas les études, j’ai conscience que cette phase d’apprentissage n’a rien d’évident. Apprendre à demander de l’aide, parfois poser des questions qui peuvent paraitre bête, se planter, recommencer, rectifier… L’image géniale qu’on aimerait renvoyer est pas mal impactée. Mais c’est tellement mieux de découvrir la disponibilité, la bienveillance, la patience des collègues qui m’entourent, en plus bien-sûr de tout le savoir qu’ils me transmettent. Et certainement que même pour un profile plus senior, un changement d’entreprise pour un métier qu’il maitrise donne à nouveau lieu à un processus d’apprentissage (des personnes contact, des processus propres à l’entreprise…). Osons dire « je ne sais pas, peux-tu m’aider ? ». Il n’y a aucune honte à être humain et non une machine.
Musique d’illustration : La beauté du doute - Florent Pagny
Crédit photo : Sharon Mccutcheon. Edited.
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