Le pouvoir des mots « je suis »
Que répondriez-vous si on vous demandait « Qui êtes-vous ? ». Qu’est-ce qui vous définit ? Qu’importe ce que vous disiez, est-ce que vraiment ce mot ou cette phrase englobe tout ce que vous êtes ? C’est si dur de se définir ! Et pourtant, en utilisant les mots « Je suis », on passe notre temps à se définir. Oui, on se définit. On tire notre identité d’un statut social, de qualités, d’une activité, d’une passion, de notre place dans une famille… Et ça n’est pas sans conséquence. Alors quelles sont les conséquences de se laisser définir par autre chose que par notre identité profonde ?
On se sent rapidement attaqué(e) personnellement
Si quelqu’un attaque une de nos caractéristiques (nos idées politiques, nos croyances religieuses, nos traits de caractère…), on se sent alors personnellement attaqué. Si quelqu’un critique tel personnalité que l’on admire, telle opinion, telle entreprise (qui se trouve être celle dans laquelle on travaille), et qu’on s’identifie à elle ou lui, on va réagir vivement alors qu’on saura beaucoup plus maitriser ses passions si on sait que tout ce qui peut être dit autour de nous ne touchera jamais notre essence. Ne pas s’attacher à nos passions, à nos activités, à nos croyances,… ne veut pas dire devenir quelqu’un de monotone et sans relief, mais juste avoir conscience que notre identité est quelque chose d’inaccessible aux autres.
Les regards violents qu’on pose sur nous parfois finissent par s’élargie à tout notre être
Et que dire de la manière dont on se parle ? Que celui ou celle qui ne pense jamais du mal de soi lève la main ! Et malheureusement je crains qu’il n’y ait pas beaucoup de mains levées… Sans vous refaire le chapitre sur la douceur envers soi, selon moi le pire ce sont les insultes que l’on se dit, ou les phrases qui commencent par « je suis ». Non, tu n’es pas nul(le), non tu n’es pas c*n(ne) ! Si vraiment vous ne pouvez pas vous retenir de verbaliser votre pensée, dites au moins « je me sens nul(le) ». Ça laisse au moins le bénéfice du doute et laisse une chance à la réalité d’être autre chose que ce que vous croyez.
Ce qu’il faut aussi comprendre c’est que toutes ces phrases méchantes dites envers soi, parce qu’on croit que c’est une évidence, ou parce qu’on laisse juste des phrases blessantes entendues résonner dans notre tête, nous empêche d’évoluer, et s’ancrent chaque fois plus au fur et à mesure qu’on les répète. Bin oui ! Si on se croit défini par l’angoisse, par un de nos défauts, par notre physique,… avec en plus un regard négatif, on finit par dire « je suis angoissée, je suis immature, je ne suis pas aimable, je ne suis pas jolie… » et on finit par croire que si on est (dans le sens : un trait constitutif de la personne) comme ça, on ne peut pas changer. Je crois même qu’il s’enclenche un processus psychologique subtile comme j’en parlais dans l’article sur la reprogrammation mentale : si on se laisse définir par certaines choses, on finit par redouter le vide que laisseront ces fausses croyances à la suite de leur départ. Et donc comme c’est vertigineux de ne plus savoir ce qui nous définit, alors qu’on aimerait profondément se débarrasser de certaines croyances, on fait en même temps tout pour trouver des preuves que cette croyance est vraie. C’est un bénéfice secondaire à une chose qui peut nous faire du mal. Un moyen pour sortir de ce cercle vicieux : changer nos croyances et ne rien laisser d’autres nous définir que ce que l’on choisit en toute conscience et qui bien sûr n’est que positif.
Finalement, on passe notre temps à coller des étiquettes aux autres, à s’en coller à soi-même pour dire la manière dont on aimerait que les autres nous voient, et à rejeter celles que les autres nous collent, tout en vivant une vie qui ne correspond que très rarement à celle que nous vivrions si on se détachait totalement du regard des autres. Je parlais un peu de ce dernier point dans l’article « Qui êtes-vous ? Sans ce qui vous empêche d’être vous-même. » Ça en fait des paradoxes pour la même question de l’identité !
Et si vous vous rendez compte qu’au fond, même vous, avez du mal à définir votre essence profonde, c’est que vraiment, elle est inaccessible et intouchable par aucun événement, aucune parole, aucun succès, aucun échec. Et finalement, c’est une bonne nouvelle !
Musique d'illustration : Who am I - Casting Crowns
Crédit photo : Greg Rakozy. Edited
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