Où est passé le Vivant ? (3/3) Je suis vivante ! Et toi ?
Même si cet article peut se lire de manière indépendante, si vous souhaitez avoir le début de la réflexion, découvrez le premier volet et/ou le deuxième de cette série d’articles.
En guise de conclusion (enfin surtout parce que le deuxième article aurait été vraiment trop long avec ce qui va suivre), j’avais juste envie de me reconnecter à ce vivant et rappeler deux trois choses oubliées. C’est peut-être banal mais pourtant dans le contexte que je viens de décrire c’est certainement un peu révolutionnaire.
Je suis une femme qui a des émotions parfois inattendues pour la situation parce que j’ai été marquée par la vie et que je ne contrôle pas tout ce qui jaillit de moi. Et parfois je m’énerve, je perds patience car je suis moi-même très marquée par cette époque du « tout tout de suite » alors je ne fais pas le bien que j’aimerais faire et fais le mal que je n’aimerais pas faire. Et puis si même un ordinateur est capable de surchauffer d’un surplus d’activité, j’ai bien le droit de péter des watts de temps en temps, nan ? Je fais des erreurs car je ne suis pas réglée comme une machine. Je ne suis pas capable de gérer le flot d’informations, cette « infobésité » dont parle Erwan Deveze et dont les pubs des marques, le flux des réseaux sociaux et les médias essayent de nous abreuver. J’ai des règles tous les mois de manière plus ou moins régulière(et même si la télé trouve que le sang des règles est à cacher contrairement à celui du mec qui se fait zigouiller la tête, il n’en est pas moins une réalité, bien plus belle que celles montrées dans les films d’horreurs ou de guerres). Et ces règles influent tout ce que je suis grâce à ce cycle en me donnant parfois de grands élans de vie ou en ayant juste envie de m’isoler dans mon cocon. J’ai besoin de dormir 9 à 10h par jour car je n’ai pas encore trouvé le moyen d’être branchée sur une prise de secteur pour pouvoir fonctionner en continu. Si tu me poses une question, je suis incapable de te répondre dans le temps et avec la richesse des réponses de Google. Clairement, si je ne m’épile pas, j’ai des poils sous les aisselles, désolée de vous apprendre ma banalité d’être un mammifère comme les autres. Et ma plus grosse tristesse du moment est de constater que si les magasins d’alimentation disparaissaient, je ne tiendrai pas 2 jours avant de mourir de faim tellement je ne sais rien faire de mes mains et n’ai aucune connaissance pour faire fructifier cette terre. On nous dit sans cesse que la valeur ajoutée que quelqu’un apporte à une société est sa capacité de réflexion, de prise de décision,… alors il faut faire de grandes études pour accéder à ces postes-là, pendant que les agriculteurs arrivent à peine à boucler leur fin de mois, mais même si je n’ai jamais essayé car c’est très peu appétissant ou compliqué à mettre en œuvre : ni un neurone aussi développé soit-il, ni un billet de banque sont comestibles.
Par contre, j’ai une capacité d’empathie et de compassion énorme, je peux te donner la chaleur d’un câlin qui réconforte. Et si tu pleures je vais pleurer avec toi tellement ce que tu vis me touchera, si tu ris je vais rire avec toi tellement ce que tu vis me réjouira. Mon amour pour les personnes que j’aime grandit chaque jour plus car le temps vient fortifier la relation et donc mes relations n’ont rien à voir avec le premier jour de la rencontre avec chacun. Mon intelligence grandit au fur à mesure de mes expériences de vie et contrairement à une machine, tu n’auras pas besoin de me remplacer par le modèle plus récent contrairement à cette dernière dont les capacités ne font que diminuer depuis le premier jour où tu l’as achetée. Et alors que tu vois dans ta machine les bugs des signes de faiblesse, mes bugs à moi, les trucs qui grincent et tournent pas toujours très ronds, sont justement le terreau magnifique pour qu’une graine de changement, d’innovation, de créativité naisse et sont donc ma force pour m’adapter.
Non, ces deux articles ne sont pas pour appeler à redevenir chasseur-cueilleur dans des cavernes et ne juge aucunement les choix de certains, mais je souhaitais juste inviter à réfléchir au rapport que nous entretenons avec le monde qui nous entoure et par ricochet avec notre essence, notre flamme de vie intérieure.
Alors si toi aussi, tu t’es reconnu(e) sur un trait ou deux dans ma description d’être vivant, d’être humain de surcroît, et bien faisons ensemble ce que nous savons faire de mieux : ÊTRE VIVANT, et advienne que pourra. (Et à notre prochain repas, on pourra penser avec une gratitude immense aux milliers de personnes qui nous permettent d’avoir ce bœuf bourguignon dans notre assiette sans devoir se convertir en chasseur-cueilleur.)
Musique d'illustration : On avance - Tal
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