Vous savez quoi ? Je suis une femme normale
C’est bizarre, peut-être que le fait d’être isolée physiquement du regard des autres depuis si longtemps (2 mois et demi au moment de l’écriture de cet article) me donne un élan pour une fois dans ma vie de m’en foutre complétement et assumer la vérité : je suis une femme normale. Je ne suis pas extraordinaire, comme m’encouragent de l’être ces vidéos de développement perso. Je ne suis peut-être pas dans les meilleurs, comme certains on pu m’encourager à l’être pendant ma scolarité et encore aujourd’hui pour m’assurer une place dans cette société et surtout sur le marché de l’emploi. Je ne suis pas parfaite et surtout, je ne le serai jamais, contrairement à ce que le perfectionnisme essaye de me faire croire. Non, même avec tous les efforts du monde je ne serai pas parfaite et oui, c’est un mensonge de croire que je serais plus aimée si je l’étais. Tout ce que j’entreprends ne fonctionne pas. Je me suis plantée souvent, et certainement encore plus fréquemment que ce dont j’ai conscience. Il y a des rêves que j’ai essayé d’atteindre et dont la poursuite m’a tellement fatiguée et remis en cause mon estime de moi qu’un jour j’ai décidé de les abandonner. (Mais peut-être que c’est à ce moment que, parce que j’avais visé la lune, je suis retombée dans les étoiles…). J’ai des cicatrices visibles et invisibles. Je n’ai pas toujours été cohérente avec mon idéal de vie, je m’en suis franchement éloigné parfois. Je ne fais pas toujours ce que je dis et beaucoup de fois quand je dis « oui », j’aimerais dire « non » alors ce oui n’a rien de vrai. Et puis je suis marquée par une histoire, qui rend mes réactions présentes parfois étranges pour mon entourage, parce que parfois, c’est comme si quelqu’un appuyait sur une blessure du passé et la rendait vive à nouveau. Dans la vie je fais de mon mieux, et parfois ce mieux, n’est franchement pas fameux. Ma vie est une succession de moments où je suis une pile électrique remplie d’énergie et de jours où je n’ai aucune envie de sortir de mon lit. De jours où j’ai l’impression que mon cœur va exploser tellement il ressent de l’amour pour le monde entier mais que mon organe est trop petit pour le contenir, et de jours où l’angoisse et les peurs me paralysent et me font du mal. J’ai un sens de la justice hyper aiguisé (au point d’avoir été surnommée « la déléguée du personnel » pendant mon stage de deuxième année de licence dans une start up), mais il faut dire que cette prétendue justice n’a finalement pour référentiel que ma propre manière de voir le monde.
« Sans doute y a-t-il une certaine médiocrité à se contenter du quotidien et à ne point ambitionner la gloire. Mais il y a aussi de la bassesse à se réjouir d’une gloire où l’on se dore sous les feux des projecteurs sans plus savoir être reconnaissant pour le soleil de chaque jour. »
Fabrice Hadjadj
Cela fonctionne pour la vie de tous les jours mais aussi pour qui nous sommes. Gratitude envers notre quotidien ET envers nos talents.
Cet article est un peu dans la même lignée que « Le mail de la honte ». Finalement, c’est en assumant publiquement ses incohérences, ses peurs, ses vulnérabilités, ses limites, que le poids s’évanouit car nous n’avons plus à mettre en place de stratégies pour garder caché ce que l’on cherchait jusqu’à présent à dissimuler au regard des autres.
Et aujourd’hui, j’ai soif. Soif d’humanité, d’authenticité, de bienveillance, d’accueil. J’ai soif de sens à nos actions et d’un but autre que « prouver » ou « produire ». Et puis je rêve. Je rêve d’un monde où les biographies parlent autant de tous ces essais qui n’ont pas menés au résultat escompté que des succès. (Il y en a, mais j’en veux encore plus ! 🙂 ) Je rêve que les polarités masculines et féminines soient sur un pieds d’égalité dans la vie publique : qu’il y ait de la place pour la force ET la douceur, le contrôle ET la réceptivité, la logique ET l’intuition, l’esprit critique ET la compassion, la vitesse ET la lenteur, le mental ET les émotions,… Je rêve de pouvoir juste partager mon histoire, ce qui m’anime, à exprimer qui je suis… sans avoir peur d’être jugée. Je rêve de bienveillance. Je rêve que les personnes sur les réseaux partagent toutes ces victoires qu’elles ont obtenues non pas (seulement) à force de travail, mais parce que la vie leur a donné une claque et que leur résilience, lentement, patiemment, leur a permis de donner un tournant à leur vie, qui n’aurait pas été possible sans cette épreuve. (Je vous parlais par exemple de l’histoire de Donatien qui a vécu de sa passion après un grave accident et un coma). Ou encore mieux, qu’il y ait plus de personnes à partager leurs déboires quotidiens, leurs imperfections, sans attendre le gros accident qui appelle autant de résilience. Je les vois poindre leur bout de nez ces personnes-là, ces pépites-là. Mais il y en a encore si peu ! Je pense à quelques personnes dont j’aime beaucoup les publications sur Linkedin (liste non-exhaustive !) : Erwan Deveze, Clément Delespaul, Gaël Chatelain-Berry, Catherine Testa, Marc Biarnès, Christophe Desproges, Patricia Wendling, Béatrice Bretegnier, Adrien Chignard, Benjamin Louis, Dominique Steiler, Juliana Déthune, Jérôme Tougne, Fabienne Broucaret…
Et je crois au fond que je suis une femme normale. Chaque femme a ses propres victoires, forces, réussites, rêves, talents, facilités d’un côté et difficultés, erreurs, limites, fragilités, épreuves, de l’autre. Mais au bout de la ligne, on se retrouve toutes. Et je crois même pouvoir dire que je suis un Homme normal. Parce que je suis humaine et que le mot Homme peut englober toute l’humanité. Et ceux qui ne se retrouveront pas dans la description que j’ai faite de mes ombres en auront d’autres que je n’ai pas, tout comme j’ai des lumières qu’ils n’ont pas. Et c’est comme ça que le monde entier trouve son harmonie, dans cette complémentarité que les lumières des uns illuminent les ombres des autres, et que les lumières des autres éclairent les ombres des uns.
Crédit photo : 1/ Nghia Le. Edited 2/ Julian Zett. Edited.
Musique d'illustration : This is me - The Greatest Showman
Crédit photo : 1/ Nghia Le. Edited. 2/ Sharon Mccutcheon. Edited
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