Pourquoi suis-je autant injuste envers ma famille ?

Ma sœur vous avait partagé dans l’article « Pourquoi je n’arrive pas à dire Je t’aime », ses difficultés à partager son amour pour ses proches et aujourd’hui c’est à mon tour de vous partager mon regard sur ma famille : je parle ici de mes parents et ma sœur, n’ayant pas encore construit ma propre famille. Car oui, je ne sais pas vous, mais moi je me sens particulièrement injuste envers ma famille.

La famille, le lieu de l’apprentissage de l’amour…

Quand je vois le décalage entre ce que je suis capable de faire pour mes amis et ma famille, je réalise à quel point je suis injuste. Je crois que la famille (en tout cas celle d’origine, car en tant que parent ça doit être différent) est le lieu où je suis le moins capable de donner le meilleur de moi-même. Dans une famille, il y a trop de passé, trop de malentendus, trop de ressentis pour a arriver à vivre pleinement le moment présent. Il y a toujours en nous ce reste d’adolescent rebelle qui a juste envie de dire « Maman fais pas ta relou ! ».

Ça n’est pas pour rien que Mère Teresa répondait à ceux qui lui demandaient comment avoir un impact dans le monde en faisant le bien : « Rentre chez toi et construis la paix au sein de ton foyer ». Au fond, tout part de là. Tout part de notre famille. Parce que de notre famille, nous recevons les bases qui nous porterons toute notre vie, et qu’il n’y a pas de meilleur lieu pour apprendre la reconnaissance que dans la famille. Merci pour tous ces petits riens. Pour tout ce quotidien. Tous ces « pardons », ces « je t’aime », ce linge plié et repassé en rentrant de l’école, cette table mise et ce repas prêt en rentrant du travail…

…où on apprend à ne pas limiter l’autre à ce qu’on connait de lui/d’elle

Mais je crois que ces dernières années j’ai surtout appris à ne pas limiter les membres de ma famille à ce que je connais d’eux. Ce n’est pas parce que souvent je suis en overdose que ce ne sont pas des magnifiques personnes qui changent la vie de nombreuses autres une fois le seuil de la porte de la maison franchi. Je me rappelle de la fille de mon chef qui m’avait un jour dit « Mon père est quelqu’un de bien. Moi je vois tous ses mauvais côtés, et je peux vraiment te dire que c’est quelqu’un de bien. » Je crois qu’il n’y a personne de mieux placé qu’un enfant pour connaitre tous les travers et les limites de ses parents. Et réciproquement ! Alors ça devient si facile de réduire l’autre à ce qu’on connait de lui. Et en même temps, je crois que lorsqu’on réalise tous les fruits qu’ils sont capables de porter malgré tous leurs travers du quotidien, déjà dans notre propre vie, mais encore plus à l’extérieur du cercle familial, ça donne beaucoup d’espérance même sur soi-même ! Eh oui, tous nos petits défauts du quotidien ne nous empêchent pas de toucher la vie de nombreuses personnes…

Certainement que je resterai toujours injuste envers ma famille. Qu’avec eux j’aurais toujours plus de mal à être patiente qu’avec un(e) ami ou un(e) collègue, à ne pas faire passer mon ventre avant le repas familial, à dépasser mes blessures pour dire « je t’aime », à dépasser mon sentiment d’évidence devant tout ce que mes parents font pour moi pour dire « merci »… Mais maintenant j’arrive à peu près à renouveler mon regard posé sur eux, à ne plus autant laisser tout ce passé venir interférer dans la relation,… Et pour ma patience, comme le disait une image envoyée par ma mère « Ne te moque pas de ta mère quand elle utilise un smartphone car c’est elle qui t’a appris à utiliser une cuillère« .

Bonne ou mauvaise nouvelle, nous n’avons pas vocation à faire notre vie avec notre famille d’origine. Alors je crois qu’à un moment, il faut réussir à se dépasser tout particulièrement les rares moments où l’on se retrouve… pour retrouver cette joie simple du moment partagé… en famille, ce cadeau et non ce fardeau. Parce que lorsqu’on est éloigné de ce cocon, seul(e) face à soi-même, on se rend compte combien précieux est ce lieu d’amour inconditionnel…

Musique d'illustration : We are family - Keke palmer

Crédit photo : Rowan Heuvel. Edited.

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