C’est décidé, j’accepte mon angoisse

L’angoisse… J’en ai déjà parlé sur ce blog et cette fragilité a même une catégorie dédiée. Et puis un jour, c’est comme un tournant qui est donné à 180º. La réalité peut être regardée avec un tout autre point de vue, et soudain… la paix… Celle que je croyais pouvoir atteindre uniquement par une guérison de ces crises d’angoisse. Mais non, cette paix est là, au coeur même de ce qui reste une souffrance. Laisse-moi te raconter.

Le vrai miracle

Souvent quand l’angoisse est là je me demande ce qui ne va pas chez moi, je me demande pourquoi tant de blessures sont encore si vives alors que le temps a passé. Mais la vraie question est : comment, avec toute cette violence qui me touche à chaque fois de plein fouet, est-il possible que la très grande majorité du temps j’arrive à montrer le sourire d’un enfant innocent qui s’émerveille ? Ce qui serait totalement normal et acceptable serait d’être totalement abattue, angoissée, découragée tout le temps… Mais malgré tout ce qui m’habite, toutes les blessures, toutes les émotions refoulées, tout le désamour que je me porte, je sois encore capable de sourire, de rire à gorge déployée, c’est juste un miracle… Oui je peux me concentrer sur le miracle de cette force, de ce sourire qui sort toujours vainqueur, de cette résilience, plutôt que sur ces fois où mon humanité vulnérable reprend le dessus. Oui, vraiment, c’est un miracle qu’aujourd’hui je sois encore debout, avec le désir de me battre pour cette vie qui m’est donnée et pour grandir en estime de moi quand on m’a fait comprendre tant de fois je n’en valais pas le coup, que je n’étais pas à la hauteur, quand je repense à la violence dont je suis capable envers moi. Ces pleurs, ces blessures qui se réouvrent ne sont pas le signe que quelque chose est détraqué chez moi. Il est le rappel de quelle puissance mon sourire est habité pour sans cesse revenir malgré toutes les horreurs que j’ai pu entendre et dont je me fais moi-même l’écho. Ce qui devrait m’étonner est donc le miracle de ce sourire qui persévère et non les quelques moments d’angoisse où la douleur resurgit.

Renoncer à l’angoisse c’est renoncer à ma force alors autant aimer les deux

Comme le burn out n’est pas une preuve de faiblesse mais d’engagement passionné de la personne qui finalement souffre de l’épuisement, l’angoisse n’est pas une preuve de faiblesse, ou de retour en arrière, mais de courage. Souvent, quand l’angoisse est là, j’ai l’impression d’être un désastre, d’être si faible, d’être à nouveau tombée comme une débutante. Or, elle est le rappel de tout ce que j’ai déjà affronté, dépassé. Oui elle n’est en rien agréable, elle me fait tant souffrir, mais je crois que je l’aime. Je l’aime non pas comme quelqu’un qu’on aimerait garder dans sa vie, mais je l’aime comme quelqu’un envers qui je suis reconnaissante. Elle m’a poussée à me dépasser tant de fois, à grandir. Elle m’a montré tout ce dont j’étais capable. J’ai combattu le feu, plusieurs fois même, et je suis toujours là ! Plus vivante que jamais, et surtout, entière. Tant qu’elle existera je l’accueillerai comme un maitre. Un maitre non à qui je me soumets, mais qui m’apprend la vie et met en valeur ce dont je suis capable. Mais alors que je fais de mon mieux pour approfondir les moments de paix qui me sont offerts, embrasser cette angoisse, cette violence, ces peurs, c’est accepter qu’elles soient légitimes. Non pas qu’elles soient souhaitables et que tout en elles soient bon pour moi aujourd’hui, mais les embrasser comme les rappels de la grandeur de ma résilience, le rappel qu’un mollusque n’a aucune beauté, aucune force, aucune personnalité à admirer.

La vérité c’est que si on me dit que je suis si mature pour mon âge, que j’ai tant de trésors en moi, de ressources, de force, je le lui dois beaucoup. Je repense notamment à cette amie, rencontrée grâce au blog (C., si tu passes par là 😉 ) qui a fait naître en moi une profonde reconnaissance car de là vient ma crédibilité et la proximité que je peux faire sentir aux lecteurs et lectrices de ce blog. L’élan de vie qui jaillit de moi ne pourrait pas rejoindre autant de personnes, si je ne vivais pas ces moments de doutes, d’angoisses, ces sentiments de désastres complets parfois. Alors toi qui lis ces lignes, même si tu n’as pas de blog pour parler même à des inconnu(e)s, regarde toutes les personnes que ta présence et ta compassion ont réconforté un jour. Tu n’aurais pas eu cette capacité sans ces moments difficiles. Alors comme moi, tu as toutes les raisons d’accepter cette partie de toi plus douloureuse, et être reconnaissante qu’elle te permette d’être autant une personne incroyable. Oui, contrairement à ce que tu peux croire, elle n’est pas le plus gros frein pour que tu sois reconnue comme une personne super mais justement une des raisons qui te fait être aussi quelqu’un d’aussi beau.

Maintenant, je vois l’angoisse presque comme un ami avec des côtés franchement toxiques mais un ami quand même qui m’invite de manière trèèèès maladroite, à faire aller toujours un peu plus loin mon amour pour moi. Comme je le partageais dans l’article sur aimer sa misère, parfois, l’image de nous-même que l’on a est tellement pourrie que ça nous pousse à faire grandir notre amour pour nous. Chez moi c’est l’angoisse qui crée cette distorsion de la réalité, qui finit par me faire voir moi-même comme une inutile, une pas aimable… Alors dès qu’elle resurgit, avec son inventivité qui crée sans cesse de nouveaux mensonges, son discours n’a plus le même écho en moi. Quand avant je reprenais ses mensonges en me les répétant, maintenant, ce que je laisse résonner est : « Est-ce que tu es prête à t’aimer jusque-là ? » « Est-ce que tu crois que, même dans cette situation, ta valeur est toujours la même et que tu es toujours autant aimable ? » « Est-ce que même dans cette situation tu crois que tu as le droit au bonheur ? » La violence est toujours là, je ne le nie pas. Mais la réponse apportée est différente.

Toute émotion a le droit d’exister et ne fait pas de moi quelqu’un de fou

J’accueille cette angoisse parce que le contraire serait continuer cette guerre ouverte contre moi-même et que celle-ci a fait plus de dégâts que l’angoisse toute seule. Je l’accueille car elle a le droit d’exister. Pour le moment, une partie de mon psychisme croit qu’elle est la réponse la plus adaptée pour ma survie alors je sais au fond qu’elle ne veut pas mon mal. Oui, elle a le droit d’exister comme chacune de mes émotions. Toutes veulent me faire passer un messager et révéler quelque chose de moi alors pourquoi la renier elle plus qu’une autre ?

J’admets que c’est difficile de passer pour une tarée auprès de mon entourage. Parce qu’il ne comprend pas toujours mes réactions, parce que pour eux ça n’a pas de sens. « C’est tout dans la tête ». Mais si on réduit la folie à quelque chose d’incompréhensible pour les autres, alors nous sommes tous fous. Car tous, à un moment ou à un autre, nous sommes incompris de quelqu’un. On dénigre mon angoisse, qui est pourtant un marqueur d’humanité, en me disant que j’ai un problème, mais n’est-ce pas plus fou de donner de l’importance au pouvoir et à l’argent au point de vivre une vie qui a perdu de vue l’essentiel ? De croire que la performance est plus importante que les liens qui unissent les hommes ? Pourtant, ce sont justement les mêmes personnes qui ne sont pas capable d’empathie envers la souffrance de l’angoisse qui prônent un modèle de société qui, lui, rend réellement fou.

Une bonne nouvelle arrive

Accepter tout ce que je suis pour vivre de manière authentique

Vouloir à tout prix qu’elle disparaisse, ça serait renoncer à constater la beauté et le courage qui m’habitent comme je viens de le décrire. Oui ma vie serait plus tranquille, et bien sûr, j’y aspire. J’espère tant le jour où la paix règnera toujours, où elle ne sera plus qu’un lointain souvenir comme quelqu’un qui m’a fait grandir mais qu’il était mieux que nos chemins se séparent. Et ce jour viendra ! J’en ai la conviction la plus intime. Oui, angoisse, j’aimerais tant que tu disparaisses. Ça serait mentir que de dire le contraire. Et tant que tu es toujours là j’ai l’impression que je ne suis pas arrivée, que l’objectif n’est pas atteint, alors je ne peux pas me reposer. Pourtant la vérité, c’est que si, je suis arrivée. Je n’ai pas besoin d’avoir 0 angoisse pour toucher des vies, pour transmettre la joie à quelqu’un de se sentir aimé, au contraire, je viens même de le prouver. Je n’ai pas besoin d’avoir 0 angoisse pour m’asseoir devant Dieu et être là, simplement. Alors je suis arrivée car le but de ma vie est déjà atteint : je peux déjà sourire, je peux déjà aimer, et surtout je peux déjà me laisser aimer de Lui.

Accepter cette angoisse car elle participe grandement à mon bonheur

Ça peut paraitre bizarre mais je crois même que de manière générale ma vie ne serait pas aussi heureuse sans ces crises d’angoisses. Parce qu’une fois la crise passée, je suis bien plus capable d’apprécier l’immense valeur de juste ressentir de la joie et de la paix dans le cœur qu’une personne qui prend la tranquilité du coeur comme normal voire banal. J’y ai déjà beaucoup fait allusion sur ce blog, dès le premier article mais réaliser que l’amour de mes proches va jusque-là, jusque ce sentiment d’être la pire créature du monde et qu’ils continuent à m’aimer quand je fais tout pour leur prouver le contraire, y a juste pas de mot pour dire ma reconnaissance et mon émerveillement. Et puis en toute honnêteté, je crois que parfois ces moments me ramènent les pieds sur terre et me préservent de l’orgueil, ce dernier rendant profondément malheureux, pas seulement pendant une crise, mais tout le temps. Parce que rien de tel qu’un moment qui te fait te sentir bien petite, dans le contrôle de franchement pas grand-chose, qui te rappelle tes limites de manière brutale mais bien tangible, pour te rappeler que tu ne t’aies pas créé toi-même, que tes talents sont entièrement des dons, que tu n’es pas tout-puissant(e) et donc que t’appuyer uniquement sur tes forces n’est pas aussi fiable que tu ne le croies.

Alors, la prochaine fois que cette angoisse surgira, j’espère être capable de dire à cet enfant blessé qui vit en moi : tu n’as plus de raison d’avoir peur, tu n’as plus à te faire l’écho de la violence extérieure pour changer absolument, tu n’as plus à t’isoler du monde,… car tu es aimé(e)… Et parce que tu es aimé(e), tu es en sécurité. Tu es aimé(e) telle que tu es. Oui, même avec tes blessures et tes cicatrices qui se réouvrent parfois. Même avec la complexité de ton caractère, avec tes incohérences, tes manques de flexibilité, tu es aimé(e). Même avec ton péché, tout ce mal que tu ne voudrais pas faire, ces zones en toi les plus sombres, les plus loin de la conversion, tu es aimé(e).

Musique d'illustration : Not Dead Yet - Ledger

Crédit photo : 1/ Edu Lauton Edited 2/ Jeremy Bishop Edited 3/ Jon Tyson

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