Après nous avoir partagé les qualités qu’elle s’était découvertes grâce à l’introversion dans cet article, Laurine nous raconte ce que la découverte de ce mot « introvertie » a changé dans sa vie.

 

« Bébé, ma propre mère m’a cru autiste. Ouais. Parce que j’étais calme. Trop calme.

À trois ans, on peut lire sur mon « bulletin scolaire » qu’il y a « quelques efforts à fournir pour se sentir davantage concernée par les activités orales ». Ouais. Déjà en petite section.

En maternelle, alors que mes camarades ne faisaient plus de siestes, c’était pour moi impératif de dormir l’après-midi…Aujourd’hui, je pense que le sommeil était le seul moyen de me ressourcer au calme après une demi-journée passée en collectivité !

Puis les années ont passées et les annotations du genre « Doit plus participer », « Doit davantage prendre la parole » se sont succédées.

Enfant, on me répétait (beaucoup) trop souvent que j’étais « timide », qu’il fallait que je « sorte de ma coquille ». Or je n’ai jamais été timide. Mais je me suis toujours sentie différente, voire carrément à part ; les adultes y ont contribué en me collant une étiquette parce que j’étais une enfant calme et posée, capable de réflexion « poussée ». J’ai donc grandi avec l’idée que quelque chose ne tournait pas rond et clochait chez moi…

Et un jour,  j’ai regardé l’émission « Specimen » sur l’introversion et là : Révélation !! C’était MOI qu’ils décrivaient ! (je vous conseille d’ailleurs vivement de la regarder vous aussi : C’est ici.)

Je peux dire que cette émission a changé beaucoup de choses dans ma vie car j’ai compris plusieurs choses :

 

• Je ne suis pas anormale

Je suis introvertie. Mettre un mot sur ce que je suis : quel soulagement !

L’introversion n’est pas une maladie. C’est un trait de personnalité. Pouvoir le nommer, en lire des caractéristiques m’a permis de me sentir comprise et reconnue dans ce que je vivais. Enfin, j’avais une explication à mes besoins que bien souvent mon entourage minimisait.

J’aimerais que davantage de personnes connaissent l’introversion et l’extraversion car je crois que ça peut durablement changer les relations que l’on entretient avec nos proches.

Etre introverti n’est pas être timide. L’introverti choisit d’être seul quand le timide est contraint (par la peur, l’anxiété) à la solitude. L’extraverti quant à lui trouve son énergie et son plaisir au contact des autres.

 

• Je ne suis pas seule !

Environ 1/3 de la population serait introvertie. Nous sommes donc une minorité mais nous sommes. ^^ Savoir cela m’a beaucoup aidée !

Et quand je lis des témoignages d’autres introvertis sur internet, c’est fou comme j’ai l’impression que nous avons tous vécu la même chose.

 

• J’ai compris et accepté mon fonctionnement !

Aussi étrange que cela puisse paraître, je n’arrivais pas à comprendre comment je fonctionnais. Je pouvais être bien dans une situation et tout d’un coup avoir l’impression de totalement déconnecter, de saturer et qu’il fallait que j’en sorte maintenant, tout de suite ! Je me sentais coupable de ressentir cela car je ne comprenais pas les mécanismes en jeux.

Dans une situation sociale, je peux entendre plusieurs conversations en même temps ainsi que des bruits de fond et me « focaliser » dessus… Les introvertis captent toutes les stimulations qui les entourent. J’ai parfois l’impression que je retiens tout un tas d’informations qui ne servent à rien et embarrassent mon cerveau !

Me savoir introvertie m’a permis d’enfin comprendre que les stimulations (le bruit, le contact avec les autres, …) vidaient ma jauge d’énergie et que pour le remplir il me fallait du calme, de la solitude…

Bref, sachant cela, je peux désormais participer  avec plaisir à des interactions sociales, aussi épuisantes soient-elles pour moi, puis me ménager des plages de ressourcement où mon cerveau peut évacuer ce trop plein de stimulations.

 

• Je suis désormais à l’écoute de mes besoins

Je n’ai pas envie d’aller à cette soirée où il y aura beaucoup de monde ? Je propose plutôt à mes amis de se voir à un autre moment en petit comité !

Mon téléphone sonne mais je n’ai aucune envie de prendre l’appel ? Je ne réponds pas et je rappelle plus tard !

Je ne trouve rien à dire ? Je me tais et j’écoute !

Voilà autant d’exemples de situations qui me mettaient en conflits intérieurs auparavant. Car je voulais me conformer à ce que je croyais que la société attendait de moi… Or cela ne fonctionne pas ! En effet, lorsque je fais quelque chose à contrecœur, mon interlocuteur se rend compte que quelque chose « cloche », je ne prends aucun plaisir dans la relation et donc elle en pâtit !

Désormais, j’évite d’aller à l’encontre de mes besoins. Car j’ai pu remarquer que faire une chose contre ma volonté n’est pas productif du tout !

De plus, j’ai aussi appris à me connaitre et je sais que j’alterne entre des phases de solitude et des périodes plus sociables. Ainsi, si je ne vais pas à cette soirée parce que je me sens en phase de solitude, tant pis ! J’irai à la prochaine lors d’une de mes phases « sociables ».

 

• Je suis sereine pour mon avenir.

J’aurais aimé connaitre mon introversion plus tôt.

Mais aujourd’hui, je me suis peu à peu détachée de l’étiquette de « celle qui ne parle jamais ». Je me construis petit à petit une nouvelle image de moi, plus positive. Je me sens plus moi-même et mieux dans mes baskets notamment car je suis davantage à l’écoute de mes besoins et que j’ai arrêté de vouloir mon conformer à une image qui n’est pas la mienne (être bavard, sociable, toujours dans le coup…)

Je suis encore dans la construction de mon identité d’introvertie, mais je sais que je suis sur le bon chemin. Grâce à ce seul mot d’introversion, je commence à deviner mes forces et accepter mes faiblesses : si ce n’est pas merveilleux ça pour avancer plus sereinement sur le chemin de la vie ?! »

 

Laurine, 23 ans, Éducatrice de Jeunes Enfants en Bretagne

(Re)découvrir l’article : « 7 qualités que je me suis découverte grâce à l’introversion« .

Musique d’illustration : Just the way you are - Bruno Mars (à se chanter à tue-tête pour soi-même)

Crédit photo : Nicolai Berntsen. Edited