Libérer son cri caché – Juan Ramos

Quand Juan Ramos parle, nous retrouvons la douceur et la légèreté de l’accent espagnol. Cet artiste polyvalent argentin, vivant en France depuis 2001, et animant régulièrement depuis plus de 20 ans des travaux de libération de la voix, partage dans ce TEDx le pouvoir qu’a le corps et la voix pour faire renaitre en nous notre liberté, en laissant surgir notre cri caché.

Il commence sa conférence en parlant de ces personnes qui nous ont inculqué des visions négatives de nous-mêmes et de notre impact sur les autres avec des phrases comme « Tu parles trop fort », « Tu fais trop de bruit, toi », « Ta voix me dérange », « Tais-toi, tu chantes faux »,… Et « de peur de ne pas être aimé, nous avons fini par obéir, par le croire, par le subir. » Nous pourrions résumer ces phrases, et tant d’autres, par « Ne me dérange pas. Reste dans ton coin. Ne sois pas exubérant. » Certaines personnes vont intégrer le message jusqu’à devenir presque invisible et muet. « Alors, nous nous sommes réfugiés dans un silence sourd. Et, dans ce silence forcé, nous avons oublié de dire ce que nous avions besoin de dire. De dire par exemple : ‘Arrête ! Ça me fait mal.’ »

Il partage ensuite sa propre expérience, sa propre peur de ne pas être aimé qui l’a conduit à croire ces personnes et à leur obéir jusqu’à plusieurs fois dans sa vie se retrouver physiquement sans voix. « Dès que je ressentais une forte émotion, ou une forte contrariété, je me trouvais presque systématiquement, et pendant plusieurs jours, avec la voix enrouée, aphone, brisée. » Ce qui le poussait à prendre des médicaments forts comme la cortisone. « Tous les non-dits, tous les mots avalés, toutes les répressions que j’emmenais avec moi depuis mon enfance, mettaient ma voix et ma vie en danger. À tel point que je me suis retrouvé plusieurs fois dans des hôpitaux avec des symptômes divers et variés. Mon corps disait, mon corps criait ce que je ne pouvais pas dire ni nommer.»

Il partage ensuite comment la pratique d’une lignée du bouddhisme japonais lui a fait réaliser le pouvoir que la voix avait pour nous faire sortir d’angoisses ou de sentiments de danger. Et à l’aide de la psychanalyste Maria Esther Sanchez, il adapte alors les stages sur le corps et la voix qu’il avait créés, à des fins thérapeutiques.

Pour ne citer qu’un exemple, Juan Ramos a été le témoin d’un jeune homme profondément triste depuis l’enfance car convaincu que sa mère ne l’avait jamais aimé. Et lors d’un exercice, où l’on fredonne, à l’oreille de son partenaire, une petite chanson que l’on invente, « il s’est souvenu que, quand il était petit, sa mère le prenait dans ses bras et lui fredonnait des chansons qu’elle-même inventait. » Le jeune homme est alors parti avec un grand sourire, promettant d’appeler sa mère pour parler avec elle de son enfance.

Le corps se souvient. Il est capable de créer certaines émotions que nous croyons avoir oubliées. Et en faisant remonter ces émotions à la surface, nous sommes capables de regarder d’une autre manière notre passé, voire même transformer nos souvenirs.

Ce qui est touchant au fond dans ce témoignage, est le partage humble de comment Juan Ramos, en aidant les autres à se guérir, se guérit lui-même. « Une des choses les plus importantes dans ce voyage a été l’apprentissage et la découverte de mes propres capacités. En aidant [les autres], je me suis aidé. Et en soignant leur voix, j’ai soigné la mienne. J’ai fini par comprendre que la même énergie, qui ne me laissait pas respirer et qui me détruisait la voix, était la même qui pouvait m’aider, me sauver. »

Et c’est en libérant sa voix, ce cri caché qui demeurait au fond de lui, qu’il a pu trouver son chemin. Car pour trouver sa voie, cela demande du temps et du discernement. Et pour discerner, il y a besoin d’écoute. Et cette écoute a pu être entière après avoir fait jaillir ce cri et accueilli le silence qui apparait alors. La place est libre pour pouvoir écouter ses besoins. « Libérer la voix pour libérer l’écoute. »

« À travers la respiration et les sons, les émotions s’expriment et libèrent l’expression créative. Ainsi, le corps et la voix réconciliés retrouvent leur unité. On ramène à la surface les potentialités cachées de la voix, Le cycle est le suivant : je libère ma voix, je me libère, je libère ma créativité. »

Après cette théorie, si vous souhaitez pratiquez et tester ce pouvoir de la voix, vous pouvez regarder la suite de la vidéo (ici) où le conférencier invite toute la salle à faire un exercice en live. Juan Ramos continue également d’organiser des stages sur Paris. Plus d’infos : http://juanramos-lavoix.blogspot.fr/

Musique d'illustration : Mon héroïne - Joyce Jonhatan et Lola Dubini

Crédit photo : Morgan Basham

Lien de la vidéo originale :  « Juan Ramos – Libérer son cri caché » TEDxVaugirardRoad, Juillet 2012

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