Peut-on choisir qui l’on aime ?

L’autre jour j’ai été contactée par une émission de radio nationale via le blog pour me demander d’intervenir dans une émission dont le sujet était « Peut-on choisir qui l’on aime ? ». Même si le projet n’a finalement pas abouti, j’ai trouvé intéressant d’essayer d’apporter un élément de réponse à cette question sur le blog.

Je crois que le premier point à aborder quand on parle d’ « aimer » est de savoir de quel amour parle-t-on.

  • Eros, l’amour sensuel, charnel
  • Philia, un attachement lié à des sentiments d’amitié, associé à des valeurs communes, des centres d’intérêts partagés…
  • Agapé, l’amour fraternel, altruiste, universel, gratuit

Dans les deux premiers cas, on ne choisit pas la naissance de l’amour/affection mais on choisit de l’entretenir ou pas, comme je l’avais entendu une fois : « On tombe amoureux par chance, on reste amoureux par choix. » Cela fonctionne aussi bien avec la première personne avec qui l’on tombe amoureux qu’avec les suivantes. On peut choisir de nourrir l’amour avec notre compagne/compagnon, tout comme on peut choisir de ne pas le nourrir quand, lorsque nous sommes déjà en couple ou mariés, on tombe amoureux de notre collègue de travail.

Et puis l’amitié reste un feeling inexplicable. C’est comme ça. On se choisit sans vraiment se choisir, il y a une connexion privilégiée avec certaines personnes et pas d’autres.

En revanche, je pense que ce troisième amour, l’agapé, on peut le choisir. Pour rendre le monde meilleur mais également pour prendre soin de notre propre santé psychique. J’abordais le premier point dans l’article « Quelle réponse à la violence du monde ? ». En aimant les personnes qui nous sont moins faciles d’aimer, on va grandir en bienveillance envers les autres et envers soi donc on va être plus heureux. En effet, on a tous des parts d’ombre, des choses plus difficiles à aimer en nous, comme je le reflétais dans l’article « ‘Oh trop la honte !’ Mais c’est quoi la pire des humiliations ? » ou « Hymne au grand amour, celui qui aime jusque sa propre misère ». Grandir en amour pour les pauvretés et les défauts des autres va automatiquement nous faire grandir en amour pour nos propres fragilités, et réciproquement. Et ça, c’est un choix. Faire le choix de prendre sa part de responsabilité dans l’environnement dans lequel on évolue pour le rendre plus positif, plus aimant, est un choix qui paye pour notre propre bonheur.

Une identité intouchable qui invite sans cesse à pardonner pour continuer d’aimer

Et pour s’aider, nous pouvons différencier les actes des personnes de ce qu’ils sont. Le « faire », de l’ « être ». Car si nos attitudes sont influencées par notre histoire, les modèles que nous avons eus, les blessures causées par des manques,… Il y a toujours en nous une essence, une identité intouchable qui est digne de respect et d’amour en tous, même si les actes peuvent nous le faire oublier. Finalement, en d’autres mots, ça s’appelle le « Pardon », indispensable pour continuer de nourrir cet amour fraternel. Le Pape François a dit un jour que la Miséricorde commence quand on réalise que l’on n’est pas mieux que celui qui est en prison pour un mal qui lui a été reconnu. Voir la blessure derrière le mal. Un agresseur est d’abord une victime des blessures qu’il a reçu d’autres, éventuellement victime d’une maladie psychique qu’il n’a pas choisie, et surtout victime du mal qu’il se fait à lui-même en cherchant à en faire aux autres, volontairement ou involontairement. Mais peut-être qu’au fond, le plus difficile est certainement tous les pardons à donner au quotidien. A soi, de ne pas être celui ou celle que l’on aimerait être. Aux autres, leurs petits manquements quotidiens… Choisir de se pardonner à soi et aux autres c’est finalement choisir de continuer d’aimer. Comme le dit la devise de la communauté religieuse des Petites Sœurs de l’Agneau que j’affectionne particulièrement :

« Blessée, je ne cesserai d’aimer. »

Musique d'illustration : Love one another - Newsboys

Crédit photo : Nina Strehl

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