Se concentrer sur le beau, est-ce vivre dans l’illusion ?

On me reproche souvent de vivre dans un monde de Bisounours, de me voiler la face, quand je dis par exemple qu’il y a certains sujets que je ne préfère pas évoquer ou que j’ai arrêté de lire les news depuis quelques années. Pourtant, loin de moi l’idée de nier l’existence du mal ou de la misère. J’ai d’ailleurs cohabité avec cette dernière pendant cinq mois. Mais par haine du mal je veux me concentrer sur le beau. Je ne veux pas laisser à la violence plus de place qu’elle n’a déjà. Alors oui c’est vrai, je ne veux plus être témoin de violence qu’elle soit fictive (film,…) ou qu’elle soit hors de mon impact (c’est-à-dire, que je n’ai aucune capacité d’action pour réconforter les personnes affectées). En revanche, je n’ai pas peur de la souffrance de mon prochain, et je suis capable de tout entendre d’une personne qui souhaite me partager son histoire ou sa douleur du moment. Mais là c’est différent, je ne peux pas faire grand-chose, mais au moins être là, et offrir toute ma compassion. Une compassion ressentie jusque dans ma propre chair.

Ne pas rentrer dans le cercle vicieux que nous critiquons

Alors oui je souhaite me concentrer sur toutes les raisons de trouver que la vie est belle, les personnes connues ou inconnues qui m’inspirent, mes petites victoires quotidiennes, tout l’amour que je peux donner et surtout, tout l’amour qui m’émerveille car je le reçois,… mais en aucun cas je ne vis dans l’illusion. Parce que je reste proche de la souffrance de ceux qui m’entourent. Se concentrer sur le manque ou sur toutes les choses que l’on aimerait voir différentes plutôt que de valoriser ce qui est déjà là ne permet pas d’être plus réaliste, ça ne crée que de l’amertume et empêche juste de vivre dans la gratitude et donc de participer à rendre ce monde encore plus morose, morosité que nous critiquons nous-mêmes alors qu’on y participe.

Incarner le changement que l’on souhaite voir dans le monde et se donner les moyens pour

Est-ce que se plaindre des choses sur lesquelles on n’a aucun impact a déjà changé le monde ? Je crois qu’il est à changer de l’intérieur. Par des gens qui rayonnent et donnent gratuitement leur bonheur aux autres. Et du bonheur et des belles choses peut être tirée une force qui permet justement de rendre le monde meilleur. Oui je crois à l’importance d’incarner le changement que l’on souhaite voir dans le monde, et se donner les moyens de le faire en fonction de qui l’on est. Et oui, ce changement se fera grâce aux personnes heureuses de vivre qui seront ainsi de capables de transmettre de bonnes énergies. Et ici rentre la question de « a-t-on le droit au bonheur quand le monde est si souffrant ? » Cette question est d’autant plus prégnante quand un endroit qui nous touche géographiquement est frappé par une crise ou un événement traumatisant. Or, il y a toujours des souffrances dans le monde, des horreurs qui se produisent, même quand les médias français n’en parlent pas. Mais ça ne rendrait pas mieux le monde que moi aussi j’aille mal. Au contraire, je rentrerai dans un cercle vicieux qui ne ferait créer que plus de malheur et de négativité sur cette terre. Or, je crois que quelque chose de vrai doit avoir un côté universel. C’est-à-dire que si quelque chose ne peut pas être transposable pour le monde entier, ce n’est pas vrai. Si moi je vais mal, une personne de plus ira mal et si on suit le raisonnement et le monde entier finira en dépression. Donc la vérité c’est que malgré les souffrances du monde, si moi je me sens bien, j’en ai entièrement le droit. Alors si vous êtes comme moi, ne culpabilisez pas de vouloir vous protéger pour préserver votre flamme de vie.

Chacun à sa vocation…

Je crois aussi que chacun a sa vocation. Moi je me suis coupée des chaines d’informations continues et des réseaux sociaux parce que j’ai besoin de ça pour donner le meilleur de ce que je suis aux personnes qui m’entourent. J’ai pourtant été engagée dans une association politique et été très au fait des actualités pendant plusieurs années. Mais plus je me reconnecte avec ce que je suis en profondeur, plus je m’éloigne de l’actualité et je laisse tout ça pour des personnes moins sensibles (car bien sûr que ce sont des sujets importants !) pour me consacrer à d’autres sujets.

Musique d'illustration : Je ne me rendrai pas à la réalité - Fabienne Marsaudon

Crédit photo : Ross Findon. Edited

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