Et toi, c’est quoi ton masque ?

Cet article a été écrit avant le Covid. Je comprends que ça ne soit pas la meilleure période pour proposer d’enlever son masque, mais peut-être que justement, à défaut de pouvoir montrer l’entièreté de notre visage, nous avons d’autant plus la responsabilité de grandir en authenticité pour que celle-ci transparaisse au-delà de ce bout de tissu/papier actuel.

Même si les bals masqués peuvent faire rêver parce qu’il semble que le masque est l’accessoire ou le dernier détail qui embellit la tenue et crée du mystère, dans la réalité, les masques sont tout sauf quelque chose qui embellit notre trésor intérieur. J’en parlais de manière détournée dans l’article « Qui êtes-vous ? (sans ce qui vous empêche d’être vous-même) ». On a tous des masques qui nous empêchent d’être complétement spontanés, authentique, de laisser voir aux autres celle/celui que je suis vraiment.

Quelques exemples :

Le camarade de classe qui embête d’autres élèves parce que faire sentir mal les autres et les rabaisser lui permet de se sentir meilleur. Le masque de la violence cache l’insécurité de se sentir moins bien que les autres.

La femme qui cherche à plaire à tout le monde. Le masque d’une générosité biaisée cache un manque d’amour envers soi-même.

Le collègue froid et peu chaleureux qui ne partage jamais rien de sa vie personnelle. Le masque de la froideur cache qu’il ne croit plus en l’amour depuis qu’il a découvert que son père avait fait un enfant dans le dos de sa mère.

Le frère ou la sœur qui se montre distant. Le masque de la distance cache une souffrance de ne pas savoir comment communiquer.

Le copain qui ne montre pas beaucoup d’intérêt à sa copine. Le maque du désintérêt cache une profonde dépendance à l’autre mais une peur de l’avouer.

Le prof qui abuse de son autorité et ne fait preuve d’aucune compréhension. Le masque du pouvoir cache une rancœur envers les hommes.

L’homme qui juge sans cesse les autres. Le masque du jugement cache la peur que les autres découvrent ses propres incohérences.

Le père ou la mère qui est exigent envers ses enfants. Le masque de l’exigence cache la peur que son enfant commette les mêmes erreurs que lui ou elle.

L’ado qui hurle contre la terre entière. Le masque de la violence cache une souffrance de se sentir incompris.

L’ami qui se plaint tout le temps. Le masque de la plainte cache une impuissance à trouver un autre moyen de dire qu’il a besoin d’aide.

La femme trop exigeante envers elle-même. Le masque de l’exigence cache une peur de dépendre de quelqu’un d’autre et la croyance qu’elle peut s’en sortir toute seule.

Un(e) ami(e) qui passe son temps sur son téléphone. Le masque du remplissage cache la peur du vide, même en étant entouré(e) et l’incapacité à vivre seul(e).

La femme qui est excessivement discrète. Le masque de la timidité cache une peur de déranger, de s’affirmer, d’oser partager ce qu’elle porte à l’intérieur.

L’homme qui veut être premier partout. Le masque de la compétitivité à l’extrême cache un désir de vengeance vis-à-vis des personnes qui n’ont pas cru en ses capacités.

Pourquoi nous coûte-t-il tant de nous laisser être nous-mêmes ? Ou du moins, de ne pas montrer seulement la partie toute jolie, mais aussi celle qui ne nous met franchement pas en valeur ?

Une réponse est peut-être dans les bénéfices secondaires que l’on tire de ces masques. Chacun peut chercher à identifier ses bénéfices secondaires, mais je vous en partage un : porter un masque, et donc souffrir de ne pas être aimé(e) pour ce que nous sommes vraiment permet de nous sentir protégé, notamment des personnes qui ne nous apprécient pas ou nous critiquent. On peut alors toujours relativiser la critique, dire que les autres ne nous connaissent pas (ce qui est vrai). Parce que quand on lâche un masque, on se laisse être à nu, on ose se montrer tel que l’on est, sans rien pour nous cacher, sans rien pour nous protéger. C’est notre vrai moi qui peut potentiellement ne pas être aimé. Et là, on se sent désarmé pour se défendre, on est touché forcément en plein cœur. Si on garde ces maques, ça n’est pas par désir de mentir, mais avant tout car on se sent protégé(e) par eux. Contre la peur de souffrir, d’être rejeté(e) pour ce qu’on est, ils nous promettent protection. Certes on n’est pas aimé pour ce que l’on est, mais au moins on peut relativiser l’avis des gens qui ne nous apprécient pas. Nous sommes donc invités à croire que la joie d’être aimé(e) en vérité est plus grande que la souffrance de ne pas faire l’unanimité et que nous n’avons rien à protéger, sinon ça veut dire que je vois l’autre comme un ennemi. Or, l’autre n’est jamais mon ennemi. L’ennemi, c’est le mal qui nous habite tous, et dont chacun peut se faire le relai. Finalement, oser être aimé et détesté pour ce que l’on est, est un des chemins pour abandonner nos masques.

Musique d’illustration : Alright - Shiloh

Crédit photo : Ksenia Makagonova. Edited.

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