Dieu souhaite-t-il notre souffrance ?

Il n’est pas forcément inné pour tout le monde, même un chrétien, de savoir si oui ou non la volonté de Dieu est que nous souffrions. Pour beaucoup, Dieu n’existe pas sinon Il empêcherait le mal d’agir ou alors pire, Il en est à l’origine, comme une punition (souvent considérée injuste) envoyée à l’homme. Quand on lit les Ecritures (et qu’on écoute certains discours), à défaut de croire que Dieu est à l’origine de notre souffrance, on peut avoir le sentiment que Dieu tolère cette souffrance pour nous mettre à l’épreuve. Alors, où est Dieu dans tout ça ?

Etes-vous polythéiste ?

Je crois que pour chaque chrétien, cette question ne pourra être réglée qu’avec une méditation particulière sur la relation entre le Père et le Fils durant la Passion du Christ. (Pour ma part, c’est le livre L’Evangélisation des profondeurs de Simone Pacot, que je vous recommande +++, qui a ouvert cette question). Trop souvent nous avons l’impression que le Fils s’est soumis à contrecœur à une volonté qui n’était pas la sienne et que le Père a choisi que son Fils souffre. C’est facile pour Dieu-Père. Il reste bien tranquillement sur son nuage à regarder son Fils sauver l’humanité et lui ne fait rien et ne ressent rien physiquement. Alors que (et à raison), nous croyons que notre propre vie est un reflet de celle du Christ et a quelque chose d’intimement lié avec la Passion, nous croyons alors (faussement cette fois-ci) qu’un Dieu lointain se complait à nous regarder souffrir. « Voyons pauvre humain, c’est pour ton bien. Allez, endure tout ça et tu auras une récompense bien grande ». Sauf que non, d’après moi, ça ne fonctionne pas comme ça, tout simplement parce que « nous n’avons pas un souverain sacrificateur qui ne puisse compatir à nos faiblesses; au contraire, il a été tenté comme nous en toutes choses, sans commettre de péché. Approchons-nous donc avec assurance du trône de la grâce, afin d’obtenir miséricorde et de trouver grâce, pour être secourus dans nos besoins. » (Hébreux 4, 15-16)

Dans le film La Cabane (tiré du livre éponyme), à un moment on voit Dieu le Père dire « Ne crois pas que ce que mon Fils a choisi de faire ne nous a pas coûté à tout les deux. », tout en montrant les stigmates sur son propre corps. Je trouve ce passage particulièrement fort de sens. Déjà parce qu’il remet le Fils au centre de sa vie et acteur du plan de Salut, et ensuite parce qu’il rappelle que le chrétien n’est pas polythéiste en montrant que le Dieu-Père a aussi les stigmates. Bien sûr, tout ça est imagé, mais il y a une profonde vérité à retirer. Le mystère de la Trinité est grand, mais ça n’est qu’un seul Dieu qui a voulu mourir et qui est mort pour nous.

Que disent les Ecritures ?

Par rapport aux Ecritures, il est indispensable de différencier l’Ancien Testament du Nouveau. Dans l’Ancien, les Juifs pensent que si quelqu’un est infirme ou souffre, c’est une punition de Dieu. Jésus est venu corriger cette pensée, notamment dans l’Evangile de Jean (chapitre 9) avec l’aveugle de Siloé. Les disciples demandent alors « Rabbi, qui a péché, cet homme ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? », et Jésus de répondre « Ce n’est pas que lui ou ses parents aient péché; mais c’est afin que les œuvres de Dieu soient manifestées en lui. » Jésus indique ici que dans chaque faiblesse, dans chaque épreuve, il est possible de laisser Dieu faire jaillir un élan de vie pour le laisser montrer sa gloire. Ça n’est pas juste une gloire d’un roi puissant qui voudrait montrer sa domination, mais une gloire qui, lorsqu’elle est révélée, montre qu’elle peut bouger des montagnes, créer du beau à partir de rien, faire jaillir de la vie là où il n’y avait que souffrance et mort. Cette gloire montre toute sa puissance de Vie à travers le Bonheur et la Paix qu’elle donne à ceux qui la laisse agir en eux.

Et c’est ce message que les textes qui suivent les Evangiles ont voulu transmettre. En effet, dans les lettres et épitres de Paul ou Pierre, on peut avoir l’impression que nous devons souffrir pour gagner notre Ciel. Mais si on prend conscience que le mal est un fait qui existe et que personne n’en est épargné, on peut comprendre que les apôtres indiquaient à leur manière (dans un contexte qu’il faudrait resituer pour bien tout saisir…etc…) comment vivre les épreuves. Et c’est là que l’on retrouve la volonté de Dieu, comme l’explique Simone Pacot. La volonté de Dieu n’a rien à voir avec l’événement mais à tout à voir avec le « comment vivons-nous cet événement ». Est-ce que je rends l’offense pour l’offense ? Est-ce que je me coupe des autres et décide d’arrêter d’aimer ? Est-ce que je me situe uniquement en victime et refuse de reconnaitre ma part de participation dans le mal de ce monde ? (Je vous renvoie à mon article Quelle réponse à la violence du monde ?). Et c’est en vivant toute épreuve en enfant de Dieu, c’est-à-dire comme Jésus a vécu sa Passion : sûr de l’Amour de son Père pour Lui et en regardant ses bourreaux comme les premières victimes du mal, que l’on en est transformé, que l’on devient plus paisible, plus aimant, plus heureux, et que l’on finit par dire « Tout concourt au bien de celui qui aime Dieu » (Romains 8,28). Parce que l’épreuve nous aura transformés pour devenir quelqu’un de meilleur.

Je crois qu’il est également intéressant de noter que ça n’est pas parce que Jésus connaissait d’avance le mal qui allait arriver à Lui et ses disciples, qu’Il l’a voulu. A de nombreuses reprises, Jésus prédit qu’Il va souffrir. Il prédit que ses disciples vont souffrir, qu’ils seront accusés injustement, qu’ils seront l’objet de jalousie… Mais encore une fois, ça n’est parce que Dieu sait, que Dieu veut. Pour citer à nouveau La Cabane, « Je suis capable de tirer des merveilles des tragédies. Ça ne signifie pas que j’orchestre ces tragédies. ».

Dès qu’Il peut, Dieu guéri !

Simone Pacot insiste bien dans son ouvrage que Jésus n’a aucune complaisance avec le mal. On le voit dans les Evangiles. Dès qu’Il pouvait guérir, Il le faisait. Sur la base de la foi, la foi en Lui, la foi en cette source de vie.

Mais Dieu ne transforme pas contre notre gré. Si nous n’avons pas une attitude d’ouverture par rapport à la grâce, elle ne peut rien faire. Dans Matthieu 13,15-16 Jésus se désole : « Car le cœur de ce peuple est devenu insensible; Ils ont endurci leurs oreilles, et ils ont fermé leurs yeux, De peur qu’ils ne voient de leurs yeux, qu’ils n’entendent de leurs oreilles, Qu’ils ne comprennent de leur cœur, Qu’ils ne se convertissent, et que je ne les guérisse ». N’ayons pas peur de voir, d’entendre ! N’ayons pas peur de regarder le mal en nous, de nous convertir et d’être guéris !

Je crois maintenant qu’il n’est pas possible d’être en paix par rapport à cette question tant que l’on n’a pas rejeté toute fausse croyance et fausse image de Dieu. Je crois même que cette étape est déterminante pour faire un pas de géant dans la Foi. Il ne faut pas se tromper d’Ennemi. Ne faisons pas comme les scribes dans Marc, 3 qui accuse Jésus d’expulser des démons parce qu’il est lui-même possédé par Satan. N’accusons pas Dieu de vouloir notre malheur.

Méditons la Parole et laissons-nous évangéliser jusque dans nos profondeurs par l’Esprit pour mieux connaitre qui est Dieu. Expérimente… et vois !

Musique d'illustration : Who am I - Casting Crowns

Crédit Photo : 1. Dominik Schroder. Edited. 2. Samuel Mcgarrigle. Edited

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4 Comments

  1. Ribambelle

    13 avril 2019 at 9:11

    Digne fille de thélogienne !!! Bravo !!! 😇

    1. Bienheureuse Vulnérabilité

      18 avril 2019 at 8:09

      Hahahaha 😁

  2. A-lo

    1 avril 2019 at 10:03

    Merci d’apporter une belle réflexion sur ce sujet délicat 🙂

    1. Bienheureuse Vulnérabilité

      1 avril 2019 at 9:42

      😊😊

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