Comment est né notre tyran intérieur et comment s’en défaire ?

*Image: « Tu es digne d’être aimé.e«

Si tu lis cet article, c’est que cette notion de « tyran intérieur » doit parfaitement te parler. Cette petite voix en nous qui nous sabote, nous fait du mal, nous critique, nous détruit à petit feu. Alors essayons ensemble de comprendre d’où il vient et comment s’en défaire.

Le monde n’est que le reflet de ta manière de te voir

La vérité c’est que le monde n’est que le reflet de ta manière de te voir. Oui il y a des risques à l’extérieur, oui les pervers narcissiques existent, les personnes violentes, manquant de compassion ou qui jugent, existent…. Et oui tu as été blessé(e) par des personnes qui ont mal agi, c’est vrai. Sauf que, alors que la blessure a été un moment ponctuel, on a intériorisé le comportement de l’autre, la phrase blessante entendue une fois et on s’en fait son propre écho. Parce qu’on a été rejeté une fois, on a peur aujourd’hui d’être rejeté(e). Parce qu’on a été abandonné(e) une fois, on a peur aujourd’hui d’être abandonné(e)… Idem de la trahison, de l’infidélité, des critiques violentes, des jugements, des personnes qui n’ont pas cru en nous…

Et quand on se répète à soi-même l’éventualité de tous les comportements blessants qu’on a vécus une fois ou le discours (souvent devenu exponentiel avec le temps), on se retrouve au bout de plusieurs années à se faire subir une accumulation de comportements blessants et de phrases destructrices, et notre tyran intérieur est né. Ces phrases ou ces comportements qui nous ont fait comprendre que « tu n’es pas assez bon, tu ne réussiras jamais, tu es un poids pour les autres », nous nous les répétons sans cesse nous-mêmes, sans faire preuve d’aucun esprit critique sur la pertinence de ce qui a été déclaré un jour.

Et alors que tout ce mécanisme se met en place, nous ne nous rendons même pas compte que peut-être nous avons appris des épreuves et notre caractère a évolué, que nous avons réussi à construire un entourage bienveillant, accueillant, ou que notre environnement a évolué naturellement parce que nous ne fréquentons plus le milieu scolaire, avons changé d’amis ou de travail…

Oui le monde extérieur est dur mais finalement cette violence qu’il y a dans le monde ne nous est pas étrangère car elle est aussi en nous. Et la peinture que nous faisons du monde ne dépend pas de la violence des autres mais bien de celle qui nous habite. C’est de cette dureté et exigence que nous nous appliquons à nous-mêmes que nous croyons que le monde est fait. Nous voyons ce monde à travers les yeux de notre tyran. Nous voyons les risques comme des réalités. Peut-être que les risques sont de vrais potentiels car personne n’est à l’abri de souffrir des limites ou du mal d’un autre, mais ouvrons avec honnêteté les yeux sur notre réalité pour définir si ces risques sont réels ou si ça n’est que notre expérience qui crée en nous cette peur.

Nous pouvons alors constater que le danger que nous avons vécu une fois (ou peut-être même plusieurs) n’est plus réel,… Aujourd’hui il n’existe plus. Et si tu as un danger qui existe encore (un manager harceleur, un parent qui te prive de ta liberté,…), tu as CE problème là, pas tous les autres dont tu continues de te faire l’écho.

Nous attendons des autres ce que nous sommes incapables de nous donner à nous-mêmes

Il s’ajoute à ça notre tendance à attendre des autres ce qu’on n’arrive pas à se donner à soi-même. On dit « personne ne m’aide », mais on refuse automatiquement toutes les propositions qu’on nous fait qu’elles en deviennent même inaperçues. On dit « mon entourage ne prend pas en compte mes limites », mais nous sommes les premiers à ne pas les respecter en ne disant pas stop, en ne disant pas non. On dit « il n’y a pas de place pour les émotions dans cette société », mais nous sommes les premiers à les refouler dès qu’une émotion désagréable pointe le bout de son nez. On dit « je ne compte pas pour les autres car ils ne s’occupent pas de moi », mais nous ne nous comptons pas pour nous-mêmes et sommes les premiers à ne pas prendre soin de nous comme on le fait pour les autres.

Comment faire taire ce tyran intérieur ?

Alors, comment faire taire ce tyran intérieur ? Premièrement, il est important de réaliser que ça ne sert à rien de lutter contre lui, car lui déclarer la guerre, c’est déclarer la guerre à soi-même. La solution se situe dans la lignée de la démonstration précédente : se donner à soi ce qu’on attend des autres, et magiquement notre regard sur le monde évoluera. Généralement nous attendons des autres ce qu’on réalise avoir manqué. Et cela se fait en nourrissant le contre penchant ! C’est beaucoup plus efficace que de lutter contre. Des personnes ont détruit ta confiance en toi, en la Vie, en les autres ? Nourri la confiance. Tu as manqué de douceur et de tendresse ? Donne-toi cette douceur. Tu n’as pas eu l’écoute de tes émotions dont tu avais besoin ? Donne le droit à chacune de tes émotions d’exister et prends le temps de l’écouter.

Pour garder cet article court, je t’invite à approfondir le(s) sujet(s) qui t’intéresse(nt) comme la douceur pour prendre confiance en soi, l’amour de sa misère, la gratitude envers nos amis, la peur de l’échec, la souffrance du regard de la société, comment remédier à la croyance que nous ne sommes pas suffisant, rompre avec la honte d’être soi…

Musique d'illustration : I am amazing - Philippa Hanna

Crédit photo : Tim Mossholder

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