C’est quoi l’angoisse ? Petit traité de compréhension, avec solutions (1/3)

Je partageais dans cet article des conseils pour une personne au cœur de l’angoisse pour sortir de cet état, mais quid de l’entourage ? Celui-ci peut-il influer et aider la personne qu’il aime ou a envie d’aider ? Oui oui et re oui !! (C’est pas beau de commencer un article par une bonne nouvelle ?! =D)

Un jour un ami cher me partageait que me voir pendant une crise d’angoisse le dépassait totalement parce que lui n’avait jamais connu ça. Et c’est compréhensible… Comment peut-on arriver à comprendre qu’une personne peut être aussi joyeuse au point de sauter partout et répéter toutes les deux minutes combien la vie est merveilleuse, et 3 jours (voire 3 minutes) après, se murer dans le silence, avoir un regard figé et les larmes prêtes à couler à torrent à la moindre phrase ? Comment croire que les deux états aussi extrêmes soient-ils, sont bien réels dans les deux cas ?

Pour que ce sujet reste digérable, je l’ai coupé en trois parties. La première (qui suit) tente de définir ce qu’est l’angoisse et comme elle peut s’exprimer chez une personne, la deuxième répertorie des types de phrases à ne pas dire à une personne angoissée (Don’t !) et la troisième donne des exemples d’attitudes qui peuvent aider la personne à remonter la pente (Do !).

Bien sûr, je ne suis pas médecin et ces propos n’engagent que moi. Ils sont uniquement le fruit d’expériences.

Qu’est-ce que l’angoisse et d’où vient-elle ?

Le Larousse définit l’angoisse comme « Grande inquiétude, anxiété profonde née du sentiment d’une menace imminente mais vague ». Mais concrètement, elle s’exprime comment ?

Je dirai que la « menace » dont parle le Larousse est tout simplement une peur très vive qui crée un sentiment de danger : peur d’être abandonné par une personne qu’on aime, peur de rater cet examen et donc ses études, peur d’être rejeté par un groupe dans lequel nous voulons nous intégré, peur de ne pas trouver un travail qu’on aime et donc d’être vu comme un raté…

D’où ça vient ? Quelque chose impacte, et le cerveau commence à faire un focus sur un détail et ne voit plus le reste : cette phrase maladroite, cette personne franchement malveillante qui nous a dit quelque chose de blessant, ce malentendu, l’écho en nous d’une situation absolument banale qui nous a fait nous sentir exclu… La fatigue joue un rôle énorme là-dedans et amplifie tout. Et souvent, c’est l’accumulation de plusieurs détails, indépendamment relativement gérables, qui crée un état qui soudain dépasse la personne.

De plus, pour une personne hypersensible, en plus du fait que les émotions sont plus vivement ressenties que la moyenne, l’environnement a un très fort impact. Le positif comme le négatif. Et alors quand cet environnement ravive une blessure du passé qui n’a pas été soignée et qu’on a laissé s’infecter car on l’a refoulée, c’est là que la cata commence. C’est pour ça que dans la majorité des cas, il est très difficile pour une personne extérieure de comprendre ce qui a créé ce changement d’émotion car à ses yeux, il n’y a rien eu de spécialement anormal.

Comment s’exprime l’angoisse ?

Quand l’angoisse est là, c’est violent. Oui vraiment. S’il y avait un mot avec lequel résumer ça, c’est la violence. C’est la voix d’un tyran dans notre tête qui ne s’arrête et commente, ou plutôt critique, dénigre, tout ce qu’on fait, tout ce qu’on pense, et ces pensées fusent bien plus rapidement qu’on ne peut le contrôler, et même quand on essaye de contredire ce tyran par volonté de remonter la pente (ce qui peut donner des dialogues intérieurs un peu schizophrène), le tyran revient à la charge, encore plus violemment. Ces phrases sont par exemple :

« – Tu as remarqué que dans ce groupe, personne n’a réagi à ce que tu as dit ? Tu réalises que tu ne comptes pas pour les autres ? Qu’ils peuvent totalement vivre sans toi ? Ça veut dire que tu ne changes rien à leur vie.

– Mais non, rappelle-toi cette preuve d’amour, ce câlin, ce mot de tendresse….

– Mais ça c’était avant ! On ne dit pas « 
loin des yeux loin du cœur » pour rien et quand on voit dans l’état dans lequel tu es, et bien ça donne envie de rester très loin.
Et comment tu veux être capable de gérer un job de manière professionnelle si t’es déjà pas capable de gérer tes émotions sans qu’elles débordent ? Comment tu crois que quelqu’un pourra avoir envie de passer toute sa vie avec toi et supportera tes peurs ? 
»

Pour n’importe quelle personne extérieure, c’est d’une évidence incroyable que toutes ces pensées ne sont que mensonges et se basent sur rien de fondé, mais pour la personne qui le vit, il n’y a rien de plus réel. Cette projection catastrophique sur le projet qui lui tient tant à cœur, cette interprétation qu’elle a fait de cette phrase blessante ou de ce quiproquo,… ça parait réel ! Et à défaut que quelqu’un donne une autre manière de voir les choses, on ne voit pas d’autre issue que nourrir notre vision des choses, consciemment ou inconsciemment.

L’angoisse peut paralyser. Elle donne mal à la tête, au sens physique du terme. Il y a un moment où tous ces mensonges deviennent tellement réels que physiquement on se sent enfermé dans une petite boite qui sont toutes ces prisons mentales à ne pas pouvoir bouger d’un millimètre sans se cogner la tête. Alors on a beau vouloir s’en sortir, vouloir aller à cette soirée ou à cet examen avec confiance… on est paralysé. La peur a pris le dessus. Le contraste est tel avec la vie plus ordinaire qui est la majorité du temps (je ne dis pas la « vie normale » délibérément), qu’on ne se reconnait plus.

Et puis on se sent profondément seul. Le fait de savoir que des personnes nous aiment n’a plus aucun écho en nous. Au mieux, on le sait théoriquement (et encore), mais il parait que le chemin de la tête au cœur est le plus long qui soit. On se sent couler et plus le temps passe, plus on s’embourbe dans cette violence et plus il est difficile de remonter la pente.

Ce qu’il faut bien saisir, c’est que c’est globalement incontrôlable et ça n’est pas du masochisme, même si nous avons tous des habitudes mortifères, comme j’en parlais dans cet article. C’est juste un fonctionnement interne, un peu détraqué, certes, mais qui n’a pas de zones de vulnérabilité ou de choses un peu cassées en lui ?

Après avoir dit tout ça, quelle est l’attitude la plus ajustée pour aider une personne à sortir de la crise ? Bien sûr, il n’y a pas de réponse toutes faites, mais dans les articles suivants, j’essaierai de vous donner des idées générales pour aider votre discernement quand vous vous trouverez confronter à cette situation.

Musique d'illustration : Trouble is a friend - Lenka

Crédit photo : 1/ Rhendi Rukmana. Edited. 2/ Aaron Blanco Tejedor

Le blog Bienheureuse Vulnérabilité est absent de tous les réseaux sociaux. Pour être tenu informé(e) des articles récents, abonnez-vous à la newsletter ici ou sur la colonne de droite. Juste 1 mail par mois, pas de spam, ni de transmission de votre adresse à un tiers, promis ! 🙂

Articles récents :

4 Comments

  1. Ch'tite Breizh

    5 octobre 2019 at 10:45

    Sans être hypersensible, je me reconnais dans ta description de l’angoisse…. Et du tyran qui parle dans ma tête!!

    1. Bienheureuse Vulnérabilité

      5 octobre 2019 at 11:16

      Oui, malheureusement il n’y a pas que les hypersensibles qui peuvent être sujet à l’angoisse :/

  2. a-lo

    16 septembre 2019 at 11:47

    Hâte hâte hâte de lire la suite pour ne plus répéter les mêmes erreurs

    1. Bienheureuse Vulnérabilité

      16 septembre 2019 at 6:25

      =D

Répondre à Ch'tite Breizh Cancel

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.