La solitude : freins, bénéfices et idées concrètes pour bien la vivre

Ah ! La solitude… Parfois ressentie même quand on est entouré(e) physiquement. J’aime beaucoup d’ailleurs le fait que la langue anglaise fasse cette différence entre être seul(e) physiquement (alone) et se sentir seul(e) (lonely), ce qui est très différent. Et je crois que le chemin pour ne plus se sentir seul (quand on est en groupe) (lonely), c’est de savoir vivre seul (alone). Il y a de très nombreuses facettes à ce sujet qui est vécu de manière très différente selon chacun, selon son caractère, si on est introverti ou extraverti, si on a grandi en enfant unique ou dans une famille nombreuse, si nos parents ont fait attention à nous apprendre à nous ennuyer… Je ne prétends pas couvrir l’étendue de ce sujet mais seulement donner quelques pistes de réflexions en parlant de quelques freins et bénéfices à la solitude avant de donner quelques idées concrètes.

Les freins

On a forcément des moments où on est seul physiquement. Même si on vit en couple, en famille ou en colocation. Pourtant, être seul physiquement ne veut pas dire embrasser la solitude. La télé, la radio ou le téléphone est toujours à portée de main. Alors que fuit-on ? Quels sont les freins à vivre la solitude ?

Premièrement on associe la solitude à l’isolement, le rejet ou l’indifférence voire l’oubli des autres. Et c’est une mort de soi qui est dur à vivre.

Pour les personnes sujettes à l’angoisse généralisée, être seul(e) réveille la peur de tourner en boucle dans ses pensées, qu’une angoisse qui déconnecte de la réalité surgisse. On a peur du vide, ou de l’ennui car on a peur de ce qui pourrait y surgir.

La solitude peut donner à la souffrance d’un événement récent, particulièrement douloureux (séparation, deuil…), ou une absence dure à vivre, tout le loisir de se déployer et prendre plus de place que quand notre emploi du temps est occupé.

Si l’on considère que la véritable solitude vécue implique le silence, eh bien, la peur du silence tout simplement est également un frein.

Enfin, la peur de regarder à l’intérieur de soi et de faire face à ce qu’on essaye à tout prix de cacher aux yeux des autres.

C’est un court résumé mais je te laisse le soin de te poser la question des freins propre à chacun pour ne pas m’attarder sur ce point et passer vite aux nombreux bénéfices !

Les bénéfices

Bien sûr, le principal bénéfice est de chérir la relation transcendante et prendre soin de notre vie spirituelle, car, comme le disait Blaise Pascal « Il y a dans le cœur de l’homme un vide en forme de Dieu ». Mais que les non-croyants ne prennent pas peur, il y a bien d’autres bénéfices à embrasser sa solitude pour la vivre joyeusement !

Je l’évoquais déjà dans « Comment se sentir libre d’être soi au sein d’une société qui nous dépasse ? », la solitude, la vraie, et celle qui est choisie d’être vécue de manière féconde, est fondamentale pour prendre du recul par rapport à notre environnement, se reconnecter avec notre être « sujet », notre identité profonde… C’est un peu comme profiter des avantages des voyages sans bouger de chez soi… Ce recul est fondamental notamment pour les personnes hypersensibles, pour se resituer sur son axe intérieur quand on se fait happer par les émotions des autres et autres stimuli extérieurs car éponger toutes les émotions des autres finit par empêcher notre cœur de faire la différence entre ce que lui ressent vraiment et ce qu’il a absorbé de quelqu’un d’autre.

Très en lien avec l’idée précédente, la solitude nous permet de prendre du temps pour réfléchir à comment nous souhaitons créer notre vie : qu’est-ce que je veux au fond de moi ? quel est le projet sur lequel je souhaite travailler ? qu’est-ce que je veux apprendre ? On peut alors ensuite profiter de ce temps pour se former, lire, regarder une conférence TED,…

Le temps seul permet de prendre soin de soi d’une manière particulière, sans avoir aucun compromis à faire avec quelqu’un sur l’activité. Et ça repose ! Comme je le partageais dans cet article, on peut faire une liste de choses qui nous font du bien et y piocher des idées si l’ennui pointe le bout de son nez.

Être seul(e) c’est également un laboratoire pour affronter ses peurs. En effet, il y a des trucs qu’on a besoin d’arriver à faire seul(e) pour ensuite être capable de dépasser la peur en groupe, sous le regard d’autres personnes.

La solitude est finalement une excellente jauge de l’estime de soi, dont parle en filigrane le philosophe Francfort :

« Ce que quelqu’un possède pour soi, ce qui l’accompagne dans la solitude et que personne ne peut ni lui donner ni lui prendre, voilà qui est beaucoup plus essentiel que tout ce qu’il possède ou ce qu’il est aux yeux des autres ».

Je me rappelle que lorsque je suis arrivée en Espagne, que toute ma vie était à reconstruire et que je ne savais pas vraiment comment rencontrer des gens en dehors du travail, je passais tous mes weekends seule. Et un jour, en passant à ce weekend supplémentaire chez moi, je commençais à déprimer quand soudain, changement de point de vue total : j’ai réalisé que je pouvais voir ce weekend comme deux jours passés avec une fille géniale, drôle, créative, cool… Et alors là, quelle hâte soudain ! Quand on ne sait pas apprécier le temps passé seul(e) avec soi, cela nous invite alors à grandir en amour de nous. Car on ne peut pas être vraiment bien avec les autres si on n’est pas bien avec soi. Ce qui fait le lien avec le dernier point :

Aimer les autres pour ce qu’ils sont et non pour ce qu’ils nous apportent. Quand on est bien avec soi, on n’attend pas de l’autre qu’il comble notre vide. On sait gérer ce vide avec humilité et joie. On ne prend pas l’autre comme pansement de sa souffrance. Donc la solitude permet de préparer de vraies et belles retrouvailles avec les autres pour vivre des relations sereines et joyeuses.

Idées pour l’apprivoiser petit à petit

J’en parlais déjà dans les articles « Vivre sans téléphone et sans montre (ou presque) » et « J’ai (enfin !) quitté Facebook : 9 raisons d’être absent(e) des réseaux sociaux », le principal frein à la solitude est certainement le téléphone, surtout si c’est un smartphone. Le meilleur moyen de vivre la solitude est d’éteindre le téléphone (ou au moins le mettre en mode avion pour, à défaut de pouvoir se passer des applications diverses comme les jeux ou autres, ne pas avoir des notifications sans cesse et des contacts de personne, qui ferait perdre tout l’enjeu de vivre la solitude).

Oser faire de la place au silence. Ne pas mettre de télé, de radio ou de musique… Le silence n’a rien d’angoissant ! C’est comme le temps, il est neutre…

Voyager seul(e), même si c’est juste une excursion d’une journée à 10 km. Il n’y a rien de tel pour découvrir des ressources en soi dont on n’avait pas connaissance et ainsi apprécier sa simple présence.

Trouver des activités que vous aimez faire seul(e) pour ne pas toujours chercher la présence d’un(e) autre pour s’occuper : dessiner, écrire, faire du sport seul(e)… Ou peut-être mettre en pratique le projet que vous aviez défini quand vous avez cherché comment créer votre vie. 🙂

Musique d'illustration : On your own - TobyMac

Crédit photo : 1/ Eneko Urunuela. Edited. 2/ Toa Heftiba. Edited.

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2 Comments

  1. Ch'tite Breizh

    22 juillet 2020 at 9:27

    Très bel article!
    Personnellement j’adoooore passé du temps seule sans jamais me sentir seule!
    Pour reprendre les mots de ma nièce (3ans) « mais moi je trouve que c’est nul de faire rien! », je crois qu’au contraire c’est très important de faire rien (ce qui est différent de ne rien faire, on est d’accord! 😉 ) pour juste se retrouver soi-même <3

    1. Bienheureuse Vulnérabilité

      23 juillet 2020 at 3:31

      Ooo c’est si joliment dit ! Je valide ++ 😀

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