Le secret de notre malheur et comment y remédier

J’aurais aimé appeler cet article « Pourquoi n’arrêtons-nous pas toujours les comportements ou situations qui nous rendent malheureux ? Des bénéfices secondaires de ce qui nous fait du mal », mais vous l’aurez compris, même si je suis une pro des titres à rallonge, celui-là était un peu abusé. Cependant, l’idée est posée : nous avons tous des comportements qui nous font du mal, des situations de vie dans lesquelles on reste qui pourtant nous rendent malheureux/se. Et si nous ne le remarquons pas toujours chez nous, nous le voyons chez les autres à plus grande échelle. Ça m’a souvent interpellée les personnes qui restaient dans une relation avec un pervers narcissique ou plus généralement quelqu’un qui les maltraite ou simplement qui ne sont pas aimées pour ce qu’elles sont et qui ne sont pas tirées vers le haut, mais il y a aussi les personnes sans domicile fixe qui refusent de l’aide, celles qui se vengent, qui restent dans une tristesse (qui n’est pas de la dépression sous forme de maladie), une personne addicte au travail qui souffre de sa fatigue pesante et frôle l’épuisement, une mère de famille qui ne trouve aucun remède pour soigner ses migraines, une personne qui ne dit jamais « non » et du coup s’épuise car elle ne respecte pas et ne fait pas respecter ses limites…

Oui parfois il peut y avoir une énorme lacune de discernement parce qu’on ne nous a pas enseignés  à nourrir notre vie intérieure, à prendre des temps de recul et donc cela ne nous permet pas de sortir d’une situation qui nous fait du mal et que les autres définissent comme de l’aveuglement. Parfois également, notre estime de nous-mêmes est tellement détruite, qu’on n’aspire pas à mieux car personne ne nous a transmis un idéal de vie ou parce qu’on croit qu’on ne mérite pas d’être heureux/se. Parfois aussi, on veut changer mais on n’en a pas la force. Trop de blessures. Trop d’angoisse qui bouffe notre énergie. Je DETESTE la phrase « quand on veut on peut ». C’est faux. Parfois on veut, mais on ne peut pas, tellement on se sent emprisonné(e), retenu(e) par plein de choses, paralysé(e). Mais parfois (et là est tout le sujet de l’article), on n’est même pas capable de vouloir changer à cause de ce qui est appelé en psychologie les « bénéfices secondaires ». Nous pourrions le définir comme un bénéfice, un avantage que l’on retire d’une situation qui nous fait majoritairement du mal. Le propos n’est pas de juger avec un discours culpabilisant disant « tu te complais dans ton malheur, c’est ta faute si tu n’aspires pas à mieux ». Au contraire, j’ai énormément de compassion. (Certains des exemples de cet article sont d’ailleurs des cas que j’ai connus dans mon entourage).

L’adolescente reste peut-être avec un garçon qui la traite mal parce qu’elle préfère ça que perdre l’image sociale qu’elle trouve valorisante de celle qui est « en couple ». La femme qui ne se sent pas épanouie dans son couple mais qui ne cherche pas à améliorer la relation en étant franche envers son conjoint le fait peut-être inconsciemment pour continuer à avoir des raisons de se plaindre auprès de ses amies et ainsi susciter l’attention. La personne sans domicile fixe refuse de voir sa famille pour avoir de l’aide parce qu’elle ne veut pas admettre ce besoin d’aide et n’assume pas son image d’en être arrivée là alors elle préfère rester dans cette situation plutôt que sa famille perde cette image d’elle qu’elle avait laissée en partant: quelqu’un qui sait se débrouiller seul, qui n’a besoin de personne… La personne qui se venge se laisse avoir par le mensonge que c’est le seul moyen pour faire taire la douleur et ne réalise pas que ça ne fait que l’amplifier. Celle qui reste triste ou amère trouve en ces sentiments-là une manière de se venger, a l’impression de faire payer à l’autre ou au monde son malheur, ou comme j’en parlais déjà dans l’exemple plus haut, c’est parfois la seule manière qu’elle a trouvée d’avoir de l’attention. La personne addicte au travail préfère l’action effrénée que d’affronter une angoisse du vide, de l’échec ou de l’ennui. La mère de famille ne soigne pas ses migraines parce qu’elle n’ose pas affirmer que parfois elle a besoin de temps pour elle, alors cette douleur est une occasion d’avoir 48h où on lui fout la paix sans avoir à se justifier. La personne qui ne dit jamais non ne souhaite pas impacter l’image d’elle toute gentille et disponible qu’elle est bien contente de renvoyer.

Tout ça est souvent inconscient, il n’y a, encore une fois, aucun jugement. Bien sûr que ces personnes souffrent profondément dans leur situation. Et c’est justement parce que ces bénéfices sont inconscients qu’on n’est pas capable de les différencier de ce qui nous fait du mal pour trouver une autre manière de répondre à notre besoin de manière plus saine et ainsi aller mieux. Car oui, ces bénéfices ont un message à nous faire passer : ils révèlent un besoin qui actuellement se trouve être comblé par quelque chose qui nous fait majoritairement du mal. L’enjeu est donc d’identifier ce besoin, d’identifier ce bénéfice que nous retirons dans la situation ou le comportement qui nous fait souffrir. C’est une invitation à, quand la tristesse, l’amertume, ou toute autre émotion désagréable est là et perdure, se demander avec honnêteté quels sont les bénéfices secondaires que je tire de cette situation pour trouver un autre moyen de répondre au besoin découvert.

J’en parlais déjà un peu en introduction, le prérequis à cette démarche est de croire que nous avons le droit au bonheur et ensuite seulement d’avoir le profond désir d’être en vérité avec soi-même parce qu’on a compris que chacun est responsable de soi et de son bonheur. C’est douloureux sur le moment, mais tellement libérateur et joyeux sur le long terme !

Musique d'illustration : C'est pas d'ma faute - Ararat & Brunor

Crédit photo : 1/ Pro Church Media. 2/ Bluehouse Skis

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