Je suis limitée mais pas incompétente ! (ou comment mettre une bonne baffe au syndrome de l’imposteur)

Il y a des jours comme ça où d’un coup, le problème d’une vie m’apparait sous un angle nouveau, et tout devient plus lucide. Et c’est ce qui m’est arrivé aujourd’hui, et c’est ce dont je vais vous parler dans cet article. Parlons donc du syndrome de l’imposteur, ou selon mes mots : l’énorme confusion que nous faisons (ok, j’espère juste ne pas être la seule au monde à faire cette erreur) entre « être limité » et « être incompétent ».

Quelques défis de la vie active…

Ceux qui me connaissent ont une petite idée de mon parcours et pour les autres : A 22 ans, avant même la fin officielle de mes études, j’ai accepté un CDI à l’étranger en tant que Responsable Recrutement et Formation, pour une usine de 240 personnes. Eeeehh c’est pas tous les jours évident de se sentir à la hauteur de mes responsabilités. Non pas que celles-ci soient énormes non plus, mais je suis tout de même quotidiennement appelée à prendre des décisions seule, ce qui n’est pas évident quand c’est la première fois que je me confronte à une situation (ce qui m’est arrivé x1 000 en 1 an) et n’ai donc pas l’expérience qui permet d’avoir un réferentiel sur lequel me baser pour prendre ladite décision. Et donc qui dit choisir, surtout avec peu d’éléments, dit à chaque fois risque de se planter ! Et puis il y a les deadlines à respecter, les priorités à fixer (en sachant différencier la vraie deadline qui a de sérieuses conséquences si elle n’est pas atteinte de celle que l’on t’impose juste parce que le gars qui te demande un truc ne touchera pas sa prime s’il n’atteint pas son objectif qui dépend en petite ou grosse partie de toi), les sollicitations constantes (téléphone fixe, téléphone portable, appel Skype, message Skype, mails, visites au bureau…) auxquelles il devient parfois difficile de répondre instantanément, les projets et autres tâches qui s’accumulent,… tout ça en développant la capacité de naviguer au milieu d’un flou communicationnel, à tenter de respecter des processus et directives parfois qui n’ont aucun sens ou sont obsolètes et en travaillant dans un département en sous-effectif… On ne parle bien que de ce qu’on connait, c’est pour ça que je ne généralise pas, mais j’espère tout de même que tu te retrouveras dans au moins un ou deux éléments que je viens d’expliquer, si tu es dans la vie active.

« Demeure dans ce qui est réel, ne reste pas à la surface. Regarde le fruit et non la fleur. »

Les peurs que ces défis engendrent

Alors de quoi ai-je peur ? Moi qui ne voudrais avoir qu’une empreinte positive dans ce monde, je ne supporte pas l’idée de créer des émotions désagréables chez quelqu’un par l’impatience, l’énervement… Ce que j’imagine qui va se produire si je ne réussis pas à tout faire dans le temps imparti. Et puis mon si grand désir de faire plaisir à tout le monde crée la peur (parfois maladive) de décevoir. Parce que même si cette première année professionnelle s’est globalement bien passée et a été surtout très enrichissante, quand les choses vont bien on peut d’autant plus avoir cette pensée ponctuelle « quand est-ce qu’il arrive ce gros échec où tout le monde va réaliser que je suis incompétente ? » Alors même si le regard des autres perd de l’importance à mesure que je construis mon identité et y puise mon assurance, ce n’est jamais agréable de croire que quelqu’un n’a pas une image très valorisée de moi et que potentiellement, il peut diffuser cette idée autour de lui, son entourage étant d’autres personnes auprès de qui je suis amenée à travailler.

Stop à la confusion, place à l’acceptation !

Il est vrai que j’intègre de plus en plus que renoncer à la toute puissance et à la perfection n’est en aucun cas être une mauviette qui ne veut rien faire de sa vie, mais au contraire, accepter avec humilité et joie son humanité. Pour autant, quand il s’agit de l’assumer avec liberté et authenticité auprès des autres, là c’est une autre histoire ! Et quand on voit le décor que j’ai essayé de planter qui donne une petite idée de l’environnement et de la pression de toutes les injonctions dans lesquelles j’essaye de survivre, on voit qu’il est tout de même difficile (pour ne pas dire impossible) d’arriver à tout faire et tout faire bien car l’organisation du travail ne le permet pas. Et c’est là que je réalise l’erreur que je fais depuis des mois :

Ça n’est pas parce que je ne peux pas tout faire et tout faire bien que je fais tout mal !  Ça n’est pas parce que je suis limitée, que je suis incompétente.

Ça n’est pas parce que je demande un délai supplémentaire pour rendre un travail, que sur la trentaine de recrutements réalisés en un an, deux n’ont pas passé la période d’essai, que je ne réponds pas à tous les mails dans la minute, que parfois je veux aller trop vite et que je fonce sans trop réfléchir, que souvent je m’éparpille et ne suis pas aussi efficace que je le pourrais, qu’il y a des jours où la fatigue m’empêche d’être très productive, que je ne connais pas directement la réponse à ce qu’on me demande et propose de me renseigner avant de répondre, que la présentation que j’envoie n’est pas aussi parfaite que si j’y avais passé plus de temps… que TOUT mon travail est mal fait. Disons que l’idée est juste d’accepter que les 5% que je n’arrive pas à atteindre ne remettent en rien en cause les 95% de ce que je fais bien. Je suis humaine, donc par définition, limitée. Comme toi en fait, que tu l’aies ou non accepté. Donc je n’ai pas à être en attente du jour où la terre entière va découvrir que je suis incompétente car ça n’est pas le cas. Et si un jour je déçois quelqu’un parce qu’il croyait que je pouvais arriver à tout faire et que soudain il constate mes limites, le problème ne viendra absolument pas de qui je suis – car je n’ai jamais nié que j’étais limitée – mais de l’image que l’autre s’était faite de moi, qui ne correspondait pas à la réalité car il ne prenait pas en compte l’essentiel de qui je suis : mon identité humanesque ! Et je suis sûre que toi c’est pareil, car si tu es capable de lire ces lignes, ça veut dire que tu es humain… Et donc, soit tu arrives à tout (ou tu en as au moins l’illusion) et laisse-moi te poser humblement la question : à quel prix ? (Car si vraiment tu arrives à tout faire tout en ayant un parfait équilibre de vie qui te rend heureux, alors ça m’intéresse !! Bin oui quoi, pas folle non plus la guêpe. Mais sinon, bon courage pour payer les factures physiques ou psychiques…). Soit tu es comme moi, à tâtonner pour trouver un rythme qui satisfasse un désir d’excellence et un besoin de ne pas laisser sa santé au boulot (à décliner par le besoin de garder du temps pour la famille, pour les loisirs…).

Je repense alors avec émotion aux 3 managers que j’ai eu qui m’ont le plus encouragée et aidée à prendre confiance dans mes talents professionnels : Bastien, Céline et Emilio, qui se trouvent justement être les 3 mêmes managers (sur les 6 que j’ai eu depuis mon premier stage) qui un jour m’ont vue pleurer. Eh oui parfois, la pression est trop forte, la fatigue et les hormones pointent le bout de leur nez, les peurs prennent le dessus sur ma force de caractére, j’ai l’impression de ne pas avoir les ressources pour affronter un défi qui se présente,… et je me sens débordée voire je craque totalement. Et ces fois là, c’est comme si les limites auxquelles ils avaient eu accès par les circonstances n’avaient en rien changé leur regard sur mes capacités professionnelles. Et au fond, tout ça n’est que le revers de la médaille de mon intelligence introspective et interpersonnelle qui m’est d’une grande aide dans de nombreux aspects de ma vie, notamment professionnelle ! Je te raconte ça pour te faire profiter de mon expérience positive, car je suis prête à faire le pari que toi qui lis cet article, si tu te laisses être un peu plus authentique, que tu te donnes la liberté de vivre un peu plus avec tout ce que tu es – tes forces et tes limites – même en milieu professionnel, tu ne seras pas seulement plus heureux/se car tu seras moins amputé(e) d’une partie de toi, mais en plus tu inspireras d’autres, au moins une ou deux personnes, à s’autoriser la légèreté de s’accepter un peu plus comme il est, ce qui est le meilleur moyen de libérer le potentiel qu’il y a en chacun ! (Psst, d’ailleurs, je parlais déjà de cette dernière idée dans l’article « 12 preuves que la vulnérabilité est une force pour l’entreprise » pour si tu veux continuer la réflexion 🙂 Et si tu n’es pas encore dans la vie active et que je t’ai un peu fait peur avec toutes ces problématiques, n’hésite pas à aller lire mon article « 9 choses apprises en 1 an de vie professionnelle que l’école ne m’avait pas enseignées » pour décompresser !).

Musique d’illustration : Sois fier de c’que t’es - Sultan

Crédit photo : 1/ Holger Link. Edited. 2/ Annie Spratt

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